Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !

Tout savoir sur GARGANTUA et RABELAIS ? C'est par ici 🎓

March 08, 2022 Breaking Smart Season 1 Episode 13
Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !
Tout savoir sur GARGANTUA et RABELAIS ? C'est par ici 🎓
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🧠  Maîtrise Gargantua de Rabelais en 42min. Rabelais est l'une des figures centrales de l'humanisme français du XVIème siècle. Avec Gargantua, qui vient après son roman Pantagruel, il va utiliser le rire comme une arme pour dénoncer et faire réfléchir sur bon nombre de personnes et institutions. Les œuvres de Rabelais sont des témoins des bouleversements profonds que vit le XVIème, à cheval entre Moyen-Âge et Renaissance.

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Alors si tu veux savoir (entre autres):
✔️ Qui est Rabelais?
✔️ Pourquoi c'est un humaniste?
✔️ Qu'est-ce que l'humanisme?
✔️ Qu'appelle-t-on la Renaissance?
✔️ Ce que dénonce Rabelais avec Gargantua?
Tu es au bon endroit 🤗!

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Dans cet épisode, Nina revient de manière claire et concise sur tous les aspects de ce fameux roman ainsi que sur la biographie de François Rabelais :

✅ Le contexte politique et religieux
✅ Le contexte culturel et scientifique : la Renaissance et l'humanisme
✅ Le Pacte de lecture
✅ Le gigantisme et le bas corporel
✅ Guerre: dénonciation par le rire
✅ Éducation et humanisme
✅ Parcours associé: la bonne éducation
✅ Parcours associé: rire et savoir

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Ce podcast est divisé en 7 parties :

👉🏼 Introduction 00:00
👉🏼 Brève biographie de François Rabelais 00:37
👉🏼 Contexte politique et religieux 05:26
👉🏼 Contexte culturel et scientifique : la Renaissance et l'humanisme 09:23
👉🏼 Résumé de l'oeuvre 15:13
👉🏼 Thèmes et principaux enjeux du roman 17:49
👉🏼 Conclusion 42:53

À la fin de cette vidéo, tu sauras tout sur Rabelais et son Gargantua ! De quoi impressionner tes experts à l'oral comme à l'écrit 🤩...

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#Rabelais #Gargantua #bac

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🤗 Merci de nous avoir écoutés !

Bonjour à tous ! Nous allons parler aujourd'hui du roman Gargantua de François Rabelais, publié autour de 1534 et 1535. Il appartient à l'objet d'études « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle » et au parcours « Rire et savoir » et la bonne éducation. Je vous retrouve dans ce nouvel épisode pour vous aider à maîtriser cette œuvre. L’idée est qu’après ce temps passé avec moi vous soyez suffisamment à l’aise avec l’œuvre pour très bien vous en sortir lors de vos examens, à l’oral comme à l’écrit. Nous allons commencer par une brève biographie de l'auteur. Les documents permettant de reconstituer en détail la biographie de Rabelais sont rares et beaucoup d’éléments sont donc imprécis ou sujets à interprétation. On considère que Rabelais naît en 1494 (certains donnent plutôt la date de 1483) à proximité de la ville de Chinon. Son père, Antoine Rabelais, était avocat et sénéchal (officier de l’administration royale). On pense qu’il a suivi des études de droit entre ses 17 et ses 20 ans, mais il n’exerce pas une profession juridique. En effet, en 1510, il est novice au couvent des Cordeliers de la Baumette, près d’Angers. Il devient par la suite moine et frère prêcheur au sein de l’ordre franciscain. En parallèle, il s’intéresse également aux sciences et aux langues anciennes en compagnie de son ami Pierre Lamy. L’humaniste Guillaume Budé va même leur conseiller d’étudier, grâce à leurs connaissances, directement les anciens textes juridiques et les textes religieux. Mais l’étude du grec ancien n’est pas perçue d’un bon œil par les établissements religieux : en 1523, la Sorbonne interdit l’étude du grec ancien pour éviter de nouvelles interprétations du Nouveau Testament. Rabelais va voir ses ouvrages confisqués, avant de les lui être rendus un an plus tard. En 1524, il passe chez les bénédictins de Maillezais, où la culture occupe une plus grande place. Autour de 1530, il abandonne son habit de moine sans autorisation ecclésiastique pour suivre des études de médecine à l’Université de Montpellier, de laquelle il sort rapidement bachelier. Cette renonciation à sa confession est nommée crime d’apostasie. Dès 1532, il exerce la médecine à l’hôpital Notre-Dame de la Pitié de Lyon, en se basant sur les textes grecs de Galien et d’Hippocrate, médecins antiques, qu’il lit en langue originale. Il pratique également la dissection et donne des conférences. Cette même année, il publie sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier (anagramme de « François Rabelais ») Pantagruel, son premier roman, qui sera condamné comme livre obscène par la Sorbonne en 1533. Cet ouvrage raconte les aventures du géant Pantagruel et de son compagnon Panurge. Toujours en 1533, il publie Pantagruéline Prognostication, une parodie de l’astrologie divinatoire. Entre 1533 et 1536, il voyage à deux reprises à Rome grâce à son statut de médecin, en compagnie de l’évêque Jean du Bellay, le cousin du poète Joachim du Bellay. Il y étudiera la botanique et la topographie de la ville, et rencontrera les milieux diplomatiques pour le compte de son protecteur et mécène, Geoffroy d’Estissac. Par ailleurs, le pape Paul III l’autorisera officiellement à poursuivre son activité de médecin. Il publie Gargantua entre 1534 et 1535. Ce texte fait suite à son premier ouvrage, car il met en scène le père de Pantagruel. Les deux ouvrages présentent des structures et des thématiques similaires, dont le parcours du héros, le thème de la guerre et la parodie des romans médiévaux. Néanmoins, Gargantua paraît plus élaboré notamment dans l’approfondissement des thématiques de l’éducation et de la guerre. En 1537, il est promu docteur en médecine et se consacre pleinement à son activité de médecin. Il est en autre médecin du gouverneur du Piémont, Guillaume du Bellay entre 1540 et 1543. En 1542, il fait rééditer Pantagruel et Gargantua à Lyon en modifiant certains passages qui attaquaient trop directement les théologiens de la Sorbonne. Malgré ces modifications, les ouvrages demeurent censurés. En 1546, c’est au tour du Tiers Livre, son troisième roman, d’être censuré pour hérésie. Par prudence, il choisit de se retirer hors du royaume, à Metz, et se place sous la protection du cardinal Jean du Bellay. Il voyage une dernière fois en Italie en compagnie de ce dernier entre 1547 et 1549. Sa première version du Quart-Livre est publiée pendant son absence en 1548, suivi par la Sciomachie en 1549 et la version finale du Quart-Livre en 1552, à nouveau condamné par la censure. En 1550, Calvin accuse l’auteur d’impiété dans son traité Des scandales. Rabelais meurt en 1553 et son Cinquième et dernier livre sera publié en 1564. Nous allons continuer avec le contexte historique et littéraire de l'œuvre, en commençant par le contexte politique et religieux. Au XVIe siècle, le royaume de France est prospère et affirme sa puissance aux côtés du Saint Empire romain germanique et du Royaume d’Espagne, tous deux contrôlés par les Habsbourg, ainsi que de divers autres royaumes européens. En 1494, Charles VIII engage la série des guerres d’Italie en tentant de conquérir le duché de Milan. En septembre 1515, la victoire française lors de la bataille de Marignan, menée par François 1er couronné roi de France quelques mois plus tôt, marque la fin de ce premier conflit. Le souverain est l’une des personnalités les plus marquantes de la Renaissance. Il a obtenu des victoires militaires décisives et la cour a activement soutenu la production artistique et littéraire du siècle. En effet, il a été le mécène de Léonard de Vinci, et sa sœur, Marguerite de Navarre a apporté son soutien à divers écrivains, dont Rabelais. En parallèle, la religion connaît de profonds bouleversements. En 1517, Martin Luther, un moine allemand, publie sur la porte de l’Église de Wittemberg ses 95 thèses contre les Indulgences (argent récolté par le clergé pour garantir aux fidèles une place au Paradis), événement fondateur de la Réforme protestante en Europe. Considéré comme un hérétique, il est excommunié en 1520. Cette nouvelle religion se construit en opposition au catholicisme, dont elle dénonce notamment la corruption. Le protestantisme cherche à revenir aux sources du christianisme en s’appuyant sur les textes originaux. Cette profonde rupture au sein du christianisme va mener aux guerres de religion qui ont marqué le royaume de France entre 1562 et 1598. En 1519, Charles Quint est nommé empereur du Saint-Empire et règne sur un immense territoire comprenant, en plus de l’empire, l’Espagne et ses colonies, les Pays-Bas et quelques possessions en Italie. Les conflits entre les deux grands souverains européens s’intensifient et François 1er est fait prisonnier par Charles Quint à Pavie en 1525. Il sera libéré l’année suivante en échange de lourdes concessions politiques. Ces conflits incessants entre Charles Quint et François 1er pour le contrôle de l’Europe et particulièrement celui de l’Italie ne prendront fin qu’en 1538. En 1533, Calvin adhère à la Réforme et en 1534, l’affaire des Placards protestants éclate. Des textes anticatholiques et considérés comme blasphématoires sont placardés dans les rues de Paris et jusqu’à la porte de la chambre royale de François 1er au château d’Amboise. Cet événement va engendrer une politique royale de persécution des protestants, qui auparavant demeurait plutôt tolérante. Les humanistes comme Rabelais se trouvent menacés, car, même s’ils n’étaient pas protestants, ils s’opposaient plus ou moins explicitement aux théologiens de la Sorbonne et à leurs méthodes. L’opposition entre les catholiques et les réformés se concrétise lors du Concile de Trente, débutant en 1545 et répondant aux attaques formulées par les réformistes protestants. Le royaume français s’était par ailleurs entre temps unifié grâce à l’ordonnance de Villers-Cotterêts adoptée en 1539, visant à imposer la langue française dans les documents officiels, au détriment du latin. Luther meurt en 1546, suivi en 1547 par François 1er. Henri II prend alors la tête du royaume de France et règnera pendant 40 ans, tandis que Philippe II et Ferdinand 1er se partagent les possessions de Charles Quint. Dès les années 1560, de violentes guerres de religion éclatent en France et dureront jusqu’à la fin du siècle. Nous abordons maintenant le contexte culturel et scientifique en insistant sur les notions de renaissance et d'humanisme. Au XVe siècle en Italie et au XVIe siècle dans le reste de l’Europe, de nouveaux modes de pensée vont apparaître progressivement. Les intellectuels commencent à considérer d’un œil très critique la période précédente, nommée peu après « Le Moyen-Âge ». Ce dernier est considéré comme un millénaire de noirceur, marqué par l’obscurantisme religieux, l’ignorance et l’archaïsme de l’art et de l’éducation. Les XVe et XVIe siècles apparaissent comme des siècles de rupture et de changement. Ce renouveau est rendu possible par des conditions économiques et démographiques favorables. En effet, après les grandes crises (épidémies, guerres, famines) des XIVe et XVe siècle, l’Europe prospère à nouveau. Les intellectuels de l’époque ont conscience de vivre un renouveau (le terme Rinascita, Renaissance en italien est d’ailleurs employé très tôt) et ils puisent l’inspiration pour mener cette renaissance dans leur héritage gréco-romain. L’Antiquité apparaît comme une période idéalisée et le berceau de grands penseurs et d’idées fondamentales. La médecine, l’art, l’architecture, la philosophie … antiques sont imités et développés, et le retour aux documents originaux devient fondamental. On étudie les textes directement dans leurs langues originales, ce qui engendre un intérêt grandissant pour les langues anciennes, et en particulier le grec qui, au contraire du latin, n’était pas enseigné au Moyen-âge. Par ailleurs, on produit de nouveaux commentaires et traductions de ces œuvres, ce qui permet de les replacer dans leur contexte d’origine et de mieux les comprendre. Ce retour aux modèles de l’Antiquité est également rendu possible par la redécouverte de nombreuses sources et documents antiques. D’une part, dès le XIIIe siècle, la Reconquista espagnole et les croisades ont permis aux Européens d’entrer en contact avec la civilisation arabe qui conservait de nombreuses traces de l’héritage gréco-latin antique. D’autre part, lors de la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, une des dates choisies par ailleurs pour marquer la fin du Moyen-âge, de nombreux intellectuels byzantins fuient l’envahisseur pour se rendre en Europe et emportent avec eux quantité de savoirs et de documents centraux pour la compréhension de l’Antiquité et que l’on pensait définitivement perdus. L’art et les sciences connaissent un développement considérable, notamment perceptible, pour le domaine artistique, dans le perfectionnement de la perspective et de l’architecture, ainsi que pour la science, dans le progrès des connaissances anatomiques. 
Plusieurs découvertes et développements techniques, scientifiques et géographiques vont participer à une nouvelle conception du savoir et plus généralement de l’homme. Dans un premier temps, Gutenberg révolutionne l’imprimerie autour de 1450 en reprenant l’idée, déjà développée en Corée, d’utiliser des caractères mobiles et réutilisables en métal pour produire rapidement différents exemplaires d’un ouvrage. Cette innovation, couplée à l’invention de la presse à imprimer et l’élaboration d’une nouvelle encre, transforme le rapport au savoir. Les livres, et donc les idées, peuvent désormais circuler beaucoup plus librement et sont accessibles à une frange plus large de la population. Par ailleurs, les théories sur l’héliocentrisme (la théorie selon laquelle la terre tourne autour du soleil) développées par Copernic dans son ouvrage De Revolutionibus Orbium Coelestium, publié en 1543, ainsi que les grandes découvertes des XVe et XVIe siècle provoquent une extension des frontières du monde connu. En effet, des navigateurs comme Christophe Colomb ou Fernand de Magellan ont permis de découvrir de nouvelles terres et de nouvelles routes, ce qui a considérablement remodelé les relations, notamment commerciales, entre les diverses régions du globe. L’homme, qui semblait au Moyen-Âge être le simple instrument du projet divin, gagne en importance.
Cette reconsidération de la place de l’homme va être primordiale au XVIe siècle et donner lieu à un mouvement intellectuel central de la Renaissance : l’humanisme. Ce dernier se caractérise par une volonté de replacer l’homme au cœur de la Création et comme étant « la mesure de toute chose ». Il met l’accent sur la dignité de l’homme et son épanouissement, et tend vers un modèle de perfection humaine. L’être humain devient acteur de son propre destin et non plus l’élément d’une volonté extérieure. Pour parvenir à cet idéal, l’outil le plus important devient l’éducation. C’est par cette dernière que l’homme peut se perfectionner et former à terme une société meilleure. La formation revendiquée par les humanistes se veut universelle. On étudie les langues étrangères, mais aussi les langues anciennes pour consulter directement les textes antiques originaux, les sciences humaines et naturelles de même que le droit, la médecine, la politique et les mathématiques, et enfin on ne néglige pas l’éducation physique. L’étude des sciences et de la religion demeure donc primordiale pour se défaire des dogmes issus du Moyen-Âge et adapter les savoirs et croyances aux valeurs nouvelles défendues par l’humanisme. L’humaniste, par l’accumulation de ses savoirs, sera en mesure de participer à la transformation de la société. Nous pouvons citer quelques figures centrales de l’humanisme comme Marsile Ficin (1433-1499), Érasme, et son Éloge de la folie (env. 1465-70 à 1536), Guillaume Budé (1467- 1540), Montaigne et ses Essais (1533-1592), Joachim du Bellay et ses Regrets (1522-1560), ou justement Rabelais. Ces penseurs, en particulier Érasme et Budé, vont inaugurer à la fin du XVe une réforme profonde dans les études de théologie, de droit et d’histoire grâce notamment à un retour aux textes anciens. 
Nous allons maintenant rapidement résumer l'œuvre. L’ouvrage débute par un Prologue dans lequel l’auteur s’adresse directement au lecteur en lui livrant quelques clefs de lecture. Il l’invite à se plonger véritablement dans le texte et donc de privilégier une lecture allégorique plutôt que littérale, afin de dégager le sens profond de l’œuvre. Le récit commence ensuite par la description de la naissance puis de l’enfance du géant Gargantua en compagnie de ses parents Gargamelle et Grandgousier. Le jeune garçon se démarque tout de suite par son gigantisme et son goût prononcé pour la nourriture et la boisson. Il suit d’abord l’enseignement de deux sophistes (les premières éditions parlaient de « deux théologiens », qu’on peut donc assimiler aux penseurs de la Sorbonne) qui se contentent de lui faire apprendre ses leçons par cœur, mais cette formation échoue et il est confié au pédagogue humaniste Ponocrates à Paris, dont le nom en grec signifie « dur à la fatigue » et indique donc sa propension au travail. Après un voyage ce dernier fait suivre au jeune géant une éducation variée et complète, enrichie par un enseignement religieux et des exercices physiques. S’ensuit la description des premiers conflits opposant Grandgousier, le père de Gargantua, à son voisin Picrochole. Ce dernier rassemble une armée et envahit le royaume de son ennemi. Grandgousier, mû par une volonté pacifiste, tente par tous les moyens de le raisonner, mais rien y fait et Picrochole s’obstine à vouloir continuer la guerre et déclare même vouloir s’emparer de l’univers. Le géant se voit alors contraint d’appeler son fils Gargantua à l’aide, et ce dernier prend les rênes du combat aidé par son compagnon le Frère Jean des Entommeures, dont le nom fait référence au hachis (entamure signifiant hachis) désignant sa capacité à engloutir, mais également l’état dans lequel il laisse ses ennemis. Ils font preuve d’un grand courage, remportent finalement la victoire et mettent un terme à la guerre. Gargantua cherche à remercier Frère Jean pour son soutien et désire lui attribuer une abbaye dans la région. Ce dernier refuse, mais souhaite fonder une nouvelle abbaye, nommée Thélème. Cette abbaye utopique a pour devise « Fais ce que tu voudras » et, ouverte sur le monde, accueille des hommes et des femmes de tous horizons. Elle est opposée en tous points au modèle traditionnel du monastère : elle ne possède ni murs, ni vœux de chasteté, de pauvreté ou d’obéissance. Le récit se termine sur la découverte d’une énigme intrigante trouvée dans les fondations de l’abbaye, dont Gargantua et Frère Jean s’efforcent à trouver le sens. Maintenant, je vais vous parler des thèmes principaux de l’œuvre afin que vous puissiez, quel que soit le passage sur lequel vous tombez lors de vos épreuves, impressionner les experts à l’oral comme à l’écrit. Nous allons commencer par la notion de Pacte de lecture. Le Prologue introduit l’œuvre et en fait partie intégrante. Il illustre directement l’intention burlesque de l’auteur, c’est-à-dire le décalage entre un sujet et la manière le de traiter. Ce décalage est perceptible dès les premières lignes du prologue, dans lesquelles l’auteur s’adresse aux lecteurs en ces termes : « Buveurs très illustres et vous, vérolés très précieux ». Le ton théâtral et sérieux (renforcé encore dans la suite de la phrase par la mention du Banquet de Platon, œuvre philosophique antique centrale) entre en tension avec les termes vulgaires de « buveurs », « vérolés », et à la fin du prologue « vits d’âne » qui désignent tous le lecteur. Par la suite, l’auteur défend une forme de dualité en montrant en quoi la conciliation du plaisant (c.-à-d. la possibilité de plaire en amusant et en faisant rire) et du sérieux est possible. Il choisit les exemples des Silènes et de Socrate pour illustrer son propos. Il compare en effet les petites boîtes antiques, ainsi que la figure mythologique dont elles tirent leur nom, au célèbre philosophe dans la mesure où leur aspect paraît amusant ou peu sérieux, au contraire de leur intériorité qui montre leur importance et leur richesse :
« Alcibiade faisant l’éloge de son précepteur Socrate […] le déclare semblables aux Silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boîtes […], au-dessus étaient peintes des figures amusantes et frivoles […]. Mais à l’intérieur, on conservait les fines drogues comme le baume, l’ambre gris, l’amome, le musc, la civette, les pierreries et autres produits de grande valeur. Alcibiade disait quel tel était Socrate, parce que, ne voyant que son physique et le jugeant sur son aspect extérieur, vous n’en auriez pas donné une pelure d’oignon tant il était laid de corps et ridicule en son maintien […]. Mais en ouvrant une telle boîte, vous auriez trouvé au-dedans un céleste et inappréciable ingrédient : une intelligence plus qu’humaine, une force d’âme prodigieuse, un invincible courage […] »

Le narrateur insiste sur la nécessité de ne pas juger un élément sur son extérieur, tant que l’intériorité ne nous est pas révélée. Le plaisant et le sérieux peuvent être conciliés au sein d’un même objet ou individu. Cette constatation s’applique directement à l’ouvrage que le prologue introduit. L’auteur souligne en effet une discordance entre l’extérieur du livre et son contenu. Les titres laissent à penser à des histoires frivoles et superficielles, mais l’auteur invite le lecteur à dépasser les apparences pour se plonger véritablement dans le contenu de ses ouvrages :
« À quoi veut aboutir, à votre avis, ce prélude, ce coup d’envoi ? C’est que vous, mes bons disciples, et quelques autres fols en disponibilité, lorsque vous lisez les joyeux titres de certains livres de notre invention comme Gargantua, Pantagruel , Fessepinte, La Dignité des Braguettes, Des pois au lard assaisonnés d’un commentaire etc.. vous jugez trop facilement qu’il n’y est question au-dedans que de moqueries, pitreries et joyeuses menteries vu qu’à l’extérieur l’écriteau (c’est-à-dire le titre)est habituellement compris, sans examen plus approfondi, dans le sens de la dérision ou de la plaisanterie. Mais ce n’est pas avec une telle désinvolture qu’il convient de juger les œuvres des humains. […] C’est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est exposé […] Les matières traitées ici ne sont pas aussi frivoles que, au-dessus, le titre le laissait présumer. »

Il exhorte le lecteur à dépasser la simple lecture littérale pour accéder à un niveau supérieur grâce à une lecture allégorique : « Et, en supposant que, au sens littéral, vous trouviez une matière assez joyeuse, et qui corresponde bien au titre, il faut pourtant ne pas s’arrêter là, comme enchanté par les Sirènes, mais interpréter dans le sens transcendant ce que peut-être vous pensiez être dit de verve ». Pour appuyer son propos, il compare le lecteur à un chien jouant avec un os, afin d’en l’encourager à extraire « la substantifique moelle » de l’ouvrage. 
Sur un mode ludique d’échange avec le lecteur, l’auteur offre une véritable clef de lecture à son lecteur.
Nous abordons maintenant les thèmes du gigantisme et du bas corporel. Dans un ouvrage mettant en scène des géants, le gigantisme occupe clairement une place centrale. Tout semble faire écho à une forme d’excès. Dans un premier temps, les noms des parents du héros font directement allusion à leur énorme appétit et à leur immense gosier : Grandgousier et Gargamelle. Quant à Gargantua, l’origine de son nom est expliquée au chapitre VII. L’enfant ne cessant pas de demander « À boire ! À boire ! » », son père s’écria « Quel grand tu as ! », en référence à son gosier. Comme nous aurons l’occasion de le voir par la suite, l’onomastique, càd la création de noms de personnages, revêt toujours une dimension symbolique importante chez Rabelais. Le gigantisme est surtout perceptible dans les énormes quantités de nourriture et de boisson ingurgitées par les personnages. L’importance de la boisson et de la nourriture est perceptible tout au long du récit, notamment dans le motif du banquet, très présent dans l’œuvre. Les chapitres IV et V sont très représentatifs de cette tendance. Cette quantité énorme de nourriture est soulignée à plusieurs reprises par le narrateur, qui l’illustre à l’aide de chiffres. Par exemple, Gargamelle, enceinte de Gargantua, mange une quantité phénoménale de viande : « Ces bœufs gras, ils en avaient fait tuer trois cent soixante-sept mille quatorze » (chapitre 4). L’allaitement de Gargantua nécessite également : « dix-sept mille neuf cent treize vaches de Pontille et de Bréhémont » (chapitre VII). Ces chiffres hyperboliques ont une portée comique certaine. Le gigantisme est aussi incarné par la jument géante du chapitre XVI : « Elle était grande comme six éléphants […], [sa queue] était à peu de chose près aussi grosse que la Pile Saint-Mars, près Langeais. [..] La jument fut amenée par mer, dans trois caraques et un brigantin ».
Par ailleurs, le bas corporel est omniprésent dans le texte, dans la multiplication des allusions scatologiques et sexuelles. Le terme « scatologie » désigne des propos dans lesquels il est question d’excréments, d’urine et pets. L’humour scatologique est très répandu et Rabelais poursuit une tradition déjà longue dans ses ouvrages. Par exemple, dans le chapitre IV lorsque l’auteur prête ces termes à Grandgousier : « On a disait-il grande envie de mâcher de la merde.. ». Ou tout le chapitre treize, qui décrit la trouvaille par le jeune Gargantua d’un « torchecul », découverte considérée par son père comme une marque de génie. En effet, le titre du chapitre énonce la « merveilleuse intelligence » de Gargantua, ce qui entre évidemment en tension avec la description du torchecul et provoque un effet comique de renversement des valeurs. Ce décalage comique se poursuit dans la suite du chapitre avec la citation d’un rondeau (forme poétique) dont la forme versifiée, caractéristique d’un certain raffinement, s’oppose à son contenu scatologique et vulgaire : « En chiant l’autre jour j’ai flairé/ L’impôt que mon cul réclamait/ J’espérais un autre bouquet/Je fus bel et bien empesté ». La scatologie est également présente dans les deux passages mettant en scène l’urine du géant, notamment l’épisode de la noyade grotesque des Parisiens dans l’urine de Gargantua.
Le décalage comique est perceptible dans de très nombreux autres passages de l’œuvre comme l’épisode du voyage dans la forêt en compagnie de sa jument. Ce passage, emprunté aux Grandes Chroniques, est caractérisé par une tonalité héroïcomique, c’est-à-dire qu’elle traite un sujet vulgaire sur le ton de l’épopée. En effet, on y retrouve le vocabulaire du combat chevaleresque (« dégainer », « assaut ») qui correspond à la tonalité épique alors que la jument se débarrasse simplement de mouches. La forêt est décrite comme un « coupe-gorge » et l’acte de la jument comme une manière de « venger l’honneur » des autres bêtes attaquées par les mouches. Le thème du voyage apparaît central et constitue la première étape d’une éducation moderne, opposée à l’enseignement scolastique privilégiant l’immobilisme. Par ailleurs, les mouches et frelons semblent être une métaphore des théologiens de la Sorbonne, reprise de chez Érasme. 
En plus du comique scatologique et du renversement burlesque, les allusions sexuelles sont très présentes dans le roman, comme dans le dialogue entre Gargamelle et Grandgousier au chapitre 6 ou encore l’évocation de la fille d’Octave dans le chapitre 3 décrivant la grossesse de Gargamelle : « Ainsi, Julie, fille de l’empereur Octave Auguste, ne s’abandonnait à ses tambourineurs que quand elle se sentait grosse, de la même façon que le navire ne reçoit son pilote que lorsqu’on l’a calfaté et chargé ». Cette importance du gigantisme, de la nourriture et du bas corporel se comprend dans une dynamique d’exaltation des sens. On assiste à une satisfaction joyeuse des besoins corporels, qui devient source de réjouissance. Cette association des géants avec un excès, notamment culinaire, est encore perceptible aujourd’hui en français, dans l’usage des adjectifs « pantagruélique » et « gargantuesque », devenus des termes stéréotypés pour désigner notamment la goinfrerie. C’est d’ailleurs Rabelais lui-même qui invente le terme de « pantagruélisme », ce qui n’est qu’un exemple de la richesse de l’invention lexicale dans Gargantua. En effet, des centaines de mots ou de sens nouveaux de mots sont attestés dans l’œuvre. Néanmoins, derrière ce gigantisme utilisé dans un but comique, il est nécessaire de souligner que Gargantua conserve tous les traits humains. Ce n’est pas un monstre ridicule, mais un homme comme les autres, sous les traits d’un géant.
Nous pouvons maintenant aborder le thème de la guerre dénoncé par le rire. La guerre picrocholine (du nom de Picrochole, l’ennemi de Gargantua, qui signifie d’ailleurs « bile amère ») occupe vingt-six chapitres de Gargantua, c’est-à-dire presque la moitié de l’œuvre. Cette guerre, en plus de faire avancer le récit, permet de discuter d’enjeux moraux et politiques importants au XVIe siècle. L’idée de guerre juste est centrale au Moyen-Âge et à la Renaissance, et a occupé de nombreux penseurs. Dans le roman, Rabelais souligne la nécessité morale de mener cette guerre. En effet, Picrochole et ses troupes sont décrits très négativement et apparaissent comme les véritables ennemis. Au contraire de Grandgousier qui, animé par un certain attachement à la paix, tente à tout prix d’éviter le conflit. Il est en cela une figure du bon roi et peut être assimilé à François 1er. Son entrée dans le conflit est d’ailleurs présentée comme défensive beaucoup plus qu’offensive. La lettre qu’il écrit à son fils au chapitre 29 sert à justifier moralement les combats : 
« Mon intention n’est pas de provoquer, mais d’apaiser, ni d’attaquer, mais de défendre, ni de conquérir, mais de garder mes loyaux sujets et mes terres héréditaires sur lesquelles, sans cause ni raison, est entré en ennemi Picrochole qui poursuit chaque jour son entreprise démente et ses excès intolérables pour des personnes éprises de liberté. »

Le comportement et les excès de Picrochole servent à légitimer la réaction de Grandgousier. Ce dernier vise simplement à répondre à la menace et restaurer la paix et sa guerre apparaît donc juste au contraire de la guerre tyrannique et injuste de son ennemi. Il cherche dès lors à mener une guerre efficace et stratégique visant à épargner le sang humain. Picrochole incarne par ailleurs l’image parodique du conquérant. À travers ce personnage, Rabelais s’attaque indirectement à l’empereur Charles Quint et sa politique d’expansion guerrière. Cette allusion est reconnaissable grâce à plusieurs éléments comme la reprise au chapitre 33 du double motif des deux colonnes allemandes et de la devise « Plus outre », car Charles Quint avait pour emblème deux colonnes signifiant la grandeur de ses conquêtes, accompagnées de la devise « Plus outre »: « Vous passerez par le détroit de Séville et dresserez là deux colonnes plus magnifiques que celles d’Hercule pour perpétrer le souvenir de votre nom […] » et plus loin, dans le texte original, « Passant oultre ». 
En plus des réflexions politiques et morales, le burlesque rabelaisien trouve sa place jusque dans la description guerrière. Dans un premier temps, les scènes de combats épiques sont à comprendre comme des parodies des chansons de geste et romans de chevaleries médiévaux. Nous suivons en effet le parcours traditionnel du chevalier : la naissance du héros, sa jeunesse et sa formation, son départ à la guerre et enfin ses victoires. Dans les scènes de batailles, le registre épique, caractérisé par des figures d’exagération et par le vocabulaire du combat, a pour but de montrer l’absurdité de la guerre et de ses causes. Par ailleurs, à la fin du chapitre 27, Rabelais fait directement référence à la chanson de Maugis, une chanson de geste mettant en scène un chevalier du nom de Maugis. Dans Gargantua, Frère Jean incarne un personnage comique omniprésent durant les scènes de combats. Le contraste apparaît très marqué entre sa fonction de moine et son ardeur guerrière lors des batailles. Le chapitre 27 contient une scène marquante, dans laquelle Frère Jean défend corps et âme son monastère, tandis que les autres moines se contentent de chanter pour éloigner l’ennemi : « Aux uns, il écrabouillait la cervelle, à d’autres, il brisait bras et jambes, à d’autres, il démettait les vertèbres du cou, à d’autres, il disloquait les reins, effondrait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, en fonçait les dents dans la gueule, défonçait les omoplates, meurtrissait les jambes, déboitait les fémurs, débezillait les fauciles ». Le renversement ironique des signes (opposition entre son comportement et ses vertus morales supposées) est un des principaux ressorts comiques de ce chapitre. 
Une vision critique de la guerre peut être dégagée du roman. Dans un premier temps, la cause de la guerre (l’achat forcé de quelques fouaces) apparaît complètement disproportionnée par rapport aux combats conséquents qu’elle engendre. Rabelais cherche à parodier le ton de l’épopée pour décrédibiliser cette guerre sans fondements et qui apparaît injustifiée, car elle oppose deux chrétiens, censés vivre en paix. Cette parodie s’ancre principalement sur le personnage de Frère Jean, dont nous venons de relever le potentiel comique. Le réalisme anatomique des massacres renforce l’absurde des combats. L’utilisation de termes anatomiques précis, permis par les connaissances médicales de Rabelais et sa pratique de la dissection, entre en tension comique avec les actes décrits : « Si un autre cherchait son salut en fuyant, il lui faisait voler la tête en morceaux en le frappant à la suture occipito-pariétale ». 
Nous pouvons continuer avec les thèmes de l'éducation et de l'humanisme en lien avec le parcours associé : la bonne éducation. Le thème de l’éducation est central dans l’œuvre et revêt une signification particulière pour Rabelais en tant qu’humaniste. Les différentes étapes de l’éducation de Gargantua sont décrites dans le détail, en commençant par son apprentissage auprès des maîtres Thubal Holoferne et Jobelin Bridé. Rabelais profite de cet épisode pour mener une satire de l’enseignement médiéval. Tout d’abord, les noms des deux maîtres sont à nouveau signifiants. « Thubal » signifie « confusion » en hébreu et « Holoferne » est le nom d’un général biblique qui persécute le peuple de Dieu. Jobelin renvoie à « jobard » signifiant « crédule », « simple d’esprit » et Bridé peut directement qualifier l’effet de cet enseignement sur l’esprit (qui devient donc bridé). Ces deux précepteurs incarnent l’obscurantisme médiéval et défendent une vision de l’éducation basée sur une accumulation d’ouvrages (grammaire latine, histoire sainte, traités de civilité et de morale) et sur une mécanique de répétition qui n’encourage que l’apprentissage par cœur sans réflexion : « On lui recommanda un grand docteur sophiste, nommé Maître Thubal Holoferne, qui lui apprit si bien son abécédaire qu’il le récitait par cœur, à l’envers, ce qui lui prit treize ans, six mois et deux semaines ». En plus d’être inutile, l’apprentissage est long et inefficace.
Par ailleurs, la multiplication de commentaires d’œuvres empêche d’accéder au sens des textes originaux : « Puis il lui lut les Modes de signifier, avec les commentaires de Heurtebise, de Faquin, de Tropditeux, de Galehaut, de Jean le Veau, de Billon, de Brelinguand et d’un tas d’autres ». Les noms ridicules des commentateurs servent à renforcer la satire. L’entier de ce chapitre XIV constitue une satire de la pédagogie scolastique, trop abstraite et déconnectée de la réalité et des textes. Les conséquences de cet enseignement sur l’esprit de Gargantua sont très graves. Il le rend « fou, niais, tout rêveur et radoteur ». Il est par la suite confié au pédagogue Ponocrates, complètement opposé à l’enseignement des deux premiers maîtres. On retrouve alors l’importance de l’éducation défendue par les humanistes. Cette dernière est l’outil ultime de perfectionnement de l’esprit humain, comme l’illustre la célèbre citation d’Érasme, « On ne naît pas homme, on le devient ». Après avoir montré par l’exemple à Gargantua en quoi sa formation précédente était désastreuse, Ponocrates s’emploie à le former à la façon humaniste. Il commence par imposer à son élève un emploi du temps précis et complet, qui s’oppose à l’immobilisme du corps et de l’esprit qui était la caractéristique de l’enseignement des sophistes : « Il le soumit à un rythme de travail tel qu’il ne perdait pas une heure de la journée, mais consacrait tout son temps aux lettres et aux études libérales ». Suivant les préceptes humanistes, c’est l’étude des textes antiques originaux qui est privilégiée. Le savoir est dynamique, car Gargantua découvre la parole vivante en allant écouter des leçons publiques et des débats : « Ils allaient écouter les leçons publiques, les actes solennels, les répétitions, les déclamations, les plaidoyers des avocats renommés, les sermons des prédicateurs évangélistes ». Ponocrates privilégie également l’observation concrète de la nature : « ils observaient soigneusement les fruits, les racines, les feuilles, les gommes, les graines, les onguents exotiques, et, en même temps, la façon dont on les transformait ». En plus de l’étude, l’exercice physique et l’entretien de l’hygiène sont des piliers centraux de l’éducation : « il montait un cheval de bataille […] », « Un autre jour, il s’exerçait à la hache […] il jouait au ballon […] Il luttait, courait, sautait […] il nageait en eau profonde ». Gargantua est un parfait exemple des potentialités de l’éducation humaniste : il devient un souverain sage et honnête après sa formation avec un bon maître, qui le pousse à devenir un homme meilleur. Malgré la critique claire de l’enseignement médiéval et la valorisation de la formation humaniste, il est nécessaire de souligner que la religion n’est pas rejetée dans la conception humaniste. L’éducation religieuse demeure centrale et elle aussi doit se concentrer directement sur les textes en évitant les sommes de commentaires qui obscurcit le sens initial des œuvres : « on lui lisait quelque page des Saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la prononciation requise ». Conception opposée à l’éducation religieuse délivrée par les deux premiers maîtres, multipliant les messes et marmonnant des textes inintelligibles. 
L’œuvre appartient par ailleurs au parcours associé « La bonne éducation ». Rabelais, au travers des maîtres ridicules qu’il met en scène dans son œuvre s’attaque directement à l’éducation délivrée par les professeurs de la Sorbonne. Ces derniers enseignaient surtout la scolastique, basée sur l’étude des textes religieux et des ouvrages de philosophie et de théologie. Cette approche se caractérisait en fait principalement par l’apprentissage par cœur et sans distance critique de traductions et de commentaires. Rabelais dénonce ces manières de faire qui s’éloigne des textes originaux et qui ne stimule pas la réflexion, tout en proposant un programme éducatif novateur inspiré des valeurs humanistes. Divers auteurs vont partager cette vision progressiste de l’éducation, comme Érasme et Montaigne XVe et XVIe siècle, Fénelon au XVIIe siècle qui défend l’éducation pour les jeunes filles dans son « Traité de l’éducation des Filles », ou encore Rousseau au XVIIIe avec son ouvrage « Émile ou de l’éducation » publié en 1762. 
Les valeurs humanistes sont donc omniprésentes dans le roman : l’éducation, la condamnation de la guerre injuste (que nous aborderons dans la partie suivante) et également l’utopie. En effet, l’abbaye de Thélème que Gargantua fait construire pour Frère Jean incarne une société idéale qui défend les notions de liberté, de paix et d’équité. Le terme « thélème » désigne la volonté en grec, ce qui se comprend au travers du précepte choisi pour l’abbaye : « Fais ce que tu voudras ». Ce domaine sans murs, ni vœux de chasteté, de pauvreté ou d’obéissance, se comprend comme une anti-abbaye où une nouvelle société est possible. Le terme d’utopie, signifiant en grec « [qui n’est] en aucun lieu », a été créé par Thomas More en 1516 dans son roman Utopia. 
Nous abordons maintenant le parcours associé, rire et savoir. L’intitulé du parcours fait directement référence à deux pôles distincts : celui du rire et celui du savoir. Le premier pôle, celui du rire, s’ancre dans l’aspect comique de l’œuvre. Gargantua, nous avons eu l’occasion de le relever, contient de nombreux personnages et scènes comiques. Dès son prologue « Aux lecteurs », Rabelais insiste sur l’importance du rire et le conclu avec la célèbre citation : « Il vaut mieux traiter du rire que des larmes/ Parce que rire est le propre de l’homme ». Le comique dans l’œuvre est de plusieurs ordres : nous pouvons relever le comique scatologique et sexuel, le comique issu de la farce médiévale en particulier de La Farce de maître Pathelin à laquelle Rabelais emprunte son comique de situation et son langage familier, le comique lié au gigantisme qui s’exprime par la goinfrerie et l’ivrognerie des personnages de géants, le comique parodique qui se sert du renversement burlesque (incarné entre autres par le personnage de Frère Jean), le comique satirique visant à ridiculiser certains personnages et institutions (comme les Maîtres Thubal Holoferne et Jobelin Bridé, ou Janotus de Bragmardo au chapitre 19, qui, venant récupérer les cloches de Notre-Dame, débite un discours incohérent en mauvais latin), le comique de geste (combat ridicule d’escrime du Frère Jean avec son bâton de croix), le comique de caractères (la colère de Picrochole) et enfin le comique verbal présent par exemple dans le choix signifiant des noms de personnages ou encore dans les jeux et accumulations de mots, le mélange et la parodie des tonalités ou l’usage de vocabulaire spécialisé . La recherche du rire est constante dans le roman et est revendiquée dès l’adresse aux lecteurs : « A la vue du chagrin qui vous mine et consumme/ Il vaut mieux traiter du rire que des larmes,/ Parce que rire est le propre de l’homme ».
Le second pôle, le savoir, s’ancre quant à lui dans le contexte d’importance humaniste de la connaissance. Il est nécessaire de se rappeler que Rabelais, en tant que médecin lettré, est un érudit. Le public auquel il s’adresse est également lettré, ce qui lui permet de jouer avec des références érudites (références à des auteurs antiques sont omniprésentes). L’acquisition du savoir est un thème central de l’œuvre et est directement mise en scène dans le texte, au travers de l’éducation de Gargantua auprès de différents maîtres successifs.
L’articulation entre rire et savoir ne paraît pas forcément évidente, dans la mesure où la transmission d’un savoir semble a priori peu compatible avec une recherche du rire. Néanmoins, dès l’Antiquité, la possibilité d’utiliser un ton plaisant pour transmettre un contenu sérieux se développe, notamment au travers de la célèbre conception d’Horace dans son Art Poétique « placere et docere », plaire et instruire, au premier siècle av. J.-C.. Ce lien entre rire et savoir prend différentes formes au sein de l’œuvre. Le rire n’est jamais gratuit chez Rabelais et ce dernier défend une réflexion joyeuse, qui permet de s’interroger sur divers sujets, parfois sérieux, avec un certain recul. Dès le prologue, l’auteur revendique la possibilité double de son texte à faire rire tout en instruisant le lecteur. Le plaisant peut être sans problème concilié au sérieux. Par ailleurs, Rabelais utilise le rire et le comique comme une arme pour souligner le ridicule de personnages ou d’institutions. Sous couvert humoristique, la critique est réelle et soulève des enjeux importants. Le rire peut également se moquer du savoir, lorsqu’il vise par exemple les pédants qui se pensent au-dessus des autres, comme chez Molière et ses médecins. Le rire permet toujours de réfléchir à la condition humaine et d’instaurer une certaine distance critique. De nombreux auteurs se sont emparés de ce pouvoir du rire à commencer par La Fontaine et ses célèbres Fables, qui tout en divertissant, permettent de transmettre des morales et critiquer implicitement diverses cibles, tout en évitant la censure. De même que Voltaire et ses contes philosophiques, dont le célèbre Candide, au sein desquels il dénonce avec ironie la guerre et « l’optimisme » de Pangloss.
Nous pouvons maintenant conclure. Rabelais, une des figures centrales de l’humanisme français du XVIe siècle, livre avec Gargantua un roman qui se veut plaisant tout en défendant une certaine vision de la société. En usant de différents types de comiques, l’auteur se place au carrefour de diverses traditions. Il recourt en effet à la fois aux motifs traditionnels hérités de la farce médiévale, comme les allusions scatologiques et au bas corporel, tout en défendant une vision humaniste dans sa condamnation d’un apprentissage stérile et dans la promotion d’un perfectionnement de l’esprit humain par l’éducation. Son ancrage dans la situation politique contemporaine grâce aux allusions à Charles Quint, ainsi que sa vision critique de la guerre ou de la religion, permettent de considérer l’œuvre comme un espace de réflexion sur la société changeante du XVIe siècle. Néanmoins, ses textes restent destinés principalement à plaire au lecteur, et en alliant le rire et le savoir, à stimuler sa réflexion, même s’ils demeurent difficiles à appréhender et ont donné lieu à de nombreuses interprétations différentes (nous pensons notamment aux chapitres 2 et 58 qui restent très énigmatiques). Rabelais a inspiré de nombreux auteurs majeurs des siècles, dont Montaigne, La Fontaine, Voltaire, ou encore Balzac. L’auteur britannique Jonathan Swift s’est par ailleurs inspiré de Gargantua pour élaborer le Voyage de Gulliver. Rabelais est un auteur central de l’histoire littéraire française et ses œuvres ont connu une diffusion très importante, d’autant plus à une époque où l’imprimerie et donc les livres étaient beaucoup moins répandus qu’aujourd’hui. Pantagruel est par exemple réédité au moins huit fois entre 1533 et 1534, et ses romans se diffusent à des dizaines de milliers d’exemplaires. Les œuvres de Rabelais demeurent des témoins des bouleversements profonds que vit le XVIe, à cheval entre le Moyen-Âge et la Renaissance. 
J’espère que cela vous aura aidé et bon courage pour vos révisions !

Introduction
Brève biographie de François Rabelais
Contexte politique et religieux
Contexte culturel et scientifique : la Renaissance et l'humanisme
Résumé de l'œuvre
Thèmes et principaux enjeux du roman
Conclusion