Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !
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Le Malade imaginaire de Molière en 30 min
🧠 Maîtrise le Malade imaginaire de #Molière en 30min pour cartonner à ton oral de Français. Dernière comédie de Molière qui fait la satire des médecins et sur laquelle l'ombre de sa mort plane, il s'agit de l'une des plus connues du théâtre français. Afin de se mettre dans l'ambiance, voici l'une des répliques culte de l'œuvre : “Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.”
Nina revient de manière claire et concise sur tous les aspects de cette comédie en 3 actes:
✅ classicisme
✅ comédie-ballet
✅ satire des médecins
✅ jeu de la vérité et de l'illusion
✅ le théâtre dans le théâtre
✅ les formes du comique
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Cette vidéo est divisée en 5 parties :
👉🏼 Brève biographie de Molière 00:51
👉🏼 Contexte historique 04:36
👉🏼 Mouvement littéraire 07:13
👉🏼 Bref résumé de l'œuvre 10:50
👉🏼 Thèmes et axes d'analyse pour cartonner à l'oral de Français 14:04
À la fin de cette vidéo, tu seras capable, quel que soit le passage sur lequel tu tombes, ou si tu as choisi cette œuvre pour l'entretien, d'impressionner tes experts à l'oral !
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🎥Notre vidéo sur l'École des femmes de Molière : https://www.youtube.com/watch?v=uNox6DyKLag
🎥 Nos autres vidéos de ce style : https://youtube.com/playlist?list=PL6wP_6abvgBH79QJwKZcll7jEHW19d4qo
📹 La vidéo de SIMULATION de l'entretien de l'oral du BAC dans son intégralité : https://www.youtube.com/watch?v=1Typz2cuaMg
📹 La vidéo de CORRECTION de la partie PRESENTATION de l'œuvre lors de l'entretien de l'oral du BAC : https://www.youtube.com/watch?v=GqQTByEdwpA
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#Molière #Maladeimaginaire #oral #examens
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🤗 Merci de nous avoir écoutés !
Je vous retrouve dans ce nouvel épisode pour vous aider à mieux connaître cette œuvre en vue de votre examen oral de français. Parce que pour chaque votre oral vous avez besoin, pour chaque œuvre, de connaître certains éléments indispensables. C’est-à-dire une brève biographie de l’auteur, le contexte historique et littéraire de l’œuvre ainsi que ses principaux thèmes et axes d’analyse. L’idée est qu’après ces 30 minutes passées avec moi vous maîtrisez suffisamment l’œuvre pour très bien vous en sortir si vous tombez là-dessus à l’oral.
Nous allons donc commencer par une courte biographie de Molière. Molière naît en 1622 à Paris, sous le nom de Jean-Baptiste Poquelin, d’un père marchand tapissier. Son enfance est marquée par différentes morts prématurées : son jeune frère et sa petite sœur sont emportés par la variole (auquel Jean-Baptise lui-même échappe de peu), puis sa mère succombe à la tuberculose en 1632. Molière étudie au prestigieux Collège de Clermont, dirigé par des Jésuites, congrégation catholique fondée au XVIe siècle. Après avoir renoncé à la charge paternelle de tapissier, il fonde l’Illustre-Théâtre avec la famille Béjart en 1643. Cependant ce dernier fait faillite peu de temps après et Molière devra même aller en prison pour dettes en 1645. Il part la même année en province, où il restera treize ans à se produire avec sa troupe itinérante et où il mènera une existence prospère. Il est à la fois chef de troupe, comédien et auteur. Il revient à Paris en 1658, où le frère du roi, le duc d’Orléans accorde sa protection à la troupe et le roi lui offre la Salle du Petit-Bourbon. En effet, ce dernier avait particulièrement apprécié la courte farce de Molière, Le Docteur amoureux qui précédait la représentation du Nicomède de Corneille jouée au Louvre. La troupe partage la salle du Petit-Bourbon avec les Comédiens-Italiens. Molière connaît un premier grand succès avec Les Précieuses ridicules quand la pièce est créée en 1659. Dès 1660, la troupe est relogée dans la salle du Palais-Royal. Il connaît différents succès comme L’École des femmes en 1662, mais aussi des scandales par exemple avec Tartuffe, joué pour la première fois en 1664 et interdite par le Roi, car elle critique l’hypocrisie des faux dévots, c’est-à-dire des faux religieux. Dom Juan nourrira également le scandale en 1665. Il est important de souligner que tout au long de sa carrière, Molière sera beaucoup critiqué et décrié, car il fait dans ses pièces la satire de plusieurs catégories sociales. De plus, la comédie était perçue comme un genre moins noble que la tragédie et donc son accession au rang de genre sérieux grâce aux pièces de Molière a profondément déplu. Malgré les critiques, la troupe de Molière devient celle des « Comédiens du Roi » en 1665. Mais c’est aussi sa vie privée qui attise le scandale, par exemple en 1662, lorsqu’il épouse Armande Béjart de 19 ans sa cadette. Certaines rumeurs d’incestes circulent même et les infidélités de sa femme inspirent des moqueries. Malgré tout, d’autres succès suivent comme Le Misanthrope et Le Médecin malgré lui en 1666 ou Les Fourberies de Scapin en 1671. Il est à ce moment-là véritablement l’auteur comique le plus reconnu. Le Malade imaginaire est sa dernière pièce, créée en 1673. Très malade, il meurt des suites d’un malaise survenu sur scène, au milieu de la quatrième représentation de la pièce. Molière a grandement participé au renouvellement de la comédie et demeure une des plus grandes figures du théâtre français.
Nous allons maintenant aborder le contexte historique et littéraire de l'œuvre, en parlant dans un premier temps de la situation politique. À la mort de Louis XIII en 1643, une nouvelle période d’instabilité politique commence avec la Régence, marquée par les figures d’Anne d’Autriche et de Mazarin. En effet, la noblesse se rebelle au travers de la Fronde entre 1648 et 1653 en réclamant une plus grande autonomie. Pendant cette période, l’art et la littérature commencent à occuper une grande place dans le rayonnement de la royauté et c’est déjà dans cette optique-là que l’Académie française soutient les auteurs dès 1635. Malgré cette institution officielle, le soutien privé demeure prédominant dans la production artistique de l’époque. Ce sont en effet principalement les grandes figures du royaume qui soutiennent les pièces. La carrière et la vie de Molière sont dans ce cadre-là étroitement liées au règne de Louis XIV. En effet, en 1661, le règne personnel du jeune roi commence, au moment où Molière crée sa première grande pièce en V actes et en vers, L’École des femmes. Le roi met directement en place un pouvoir centralisé et de ce fait, met fin aux instabilités politiques. Il instaure également un mécénat d’État, c’est-à-dire que les soutiens privés perdent leur prédominance. La stabilité caractérise désormais la politique française. Dès ce moment-là, jusqu’à sa mort en 1673, Molière restera proche du Roi et fortement soutenu par ce dernier. La troupe joue régulièrement à la cour et de hautes figures de la cour lui commandent des pièces. Pour correspondre aux goûts du roi, il crée même un nouveau genre, la comédie-ballet, qui intègre comédie, musique et danse. Malgré les différents scandales que connaissent les pièces de Molière, scandales dans lesquels le roi se trouve obligé d’intervenir comme dans le cas de Tartuffe en interdisant la pièce, ou encore Dom Juan, le roi offre sa protection directe en 1665 en nommant la troupe de Molière troupe royale. La relation privilégiée qu’entretiendront Molière et Louis XIV est un parfait exemple de cette nouvelle union entre le pouvoir politique et la création artistique.
Le second élément de contexte central à aborder est le classicisme. Molière est une des figures centrales du classicisme, mouvement littéraire du XVIIe siècle, nommé ainsi de façon postérieure au XIXe siècle. On peut relever comme premier moment fondateur la création de l’Académie française en 1635 par Richelieu qui illustre la volonté d’une forme de régularisation et d’une recherche de « bon goût » de la langue et de la littérature. Un second élément fondateur est les premières œuvres de Corneille qui incarnent la transition entre le courant baroque qui privilégiait une forme d’exubérance et un mélange des genres, et la période dite classique. Dès les années 1660, le goût classique s’affirme, au travers d’un attachement particulier aux auteurs antiques et d’une recherche d’art conforme à la raison. La production artistique s’assortit de toute une série de règles, indispensables à respecter, notamment dans le domaine théâtral où on s’inspire des règles édictées par Aristote au IVe siècle av. J.-C. pour construire les pièces. On peut citer la règle des trois unités : l’unité de temps (l’action de la pièce ne doit pas se dérouler sur plus de 24 heures), l’unité de lieu (l’action doit se dérouler en un seul lieu) et enfin l’unité d’action (la pièce doit être concentrée sur une action unique). L’art doit imiter la Nature et la vraisemblance et la bienséance sont des principes fondateurs du théâtre classique. On recherche une forme d’harmonie et de simplicité. Ces règles sont surtout prévues pour la tragédie, le genre le plus prestigieux à l’époque, incarnée principalement par Corneille puis par Racine. La comédie n’apparaissant pas comme le genre principal, elle n’y est pas aussi sévèrement soumise, mais il arrive que Molière respecte certaines règles. Malgré cette considération moindre de la comédie, Molière sera vu postérieurement comme la figure centrale de la comédie classique, notamment parce qu’il rend justement à ce genre ses lettres de noblesse.
Nous pouvons d'ailleurs aborder rapidement le genre de la comédie. La comédie a perduré depuis le Moyen- ge sous la forme de la farce, caractérisée principalement par une intrigue simple, des personnages types comme le mari cocu, et par des situations grotesques et parfois très vulgaires. Molière s’inspire de ce genre pourtant démodé au moment où il commence à écrire. Il va y mêler l’influence des Comédiens italiens qu’il côtoie à la salle du Petit-Bourbon. Ces derniers incarnent le genre de la commedia dell’arte, forme italienne de la farce qui partage beaucoup de points communs avec la farce française comme la brièveté des pièces, les personnages types, les situations qui reviennent. La commedia dell’arte est également caractérisée par l’utilisation de masques. En mêlant différentes influences, Molière désire donc renouveler le genre de la farce en atténuant sa vulgarité et en créant des pièces plus construites. Avec Molière, la comédie ne cherche plus seulement à faire rire, mais s’attaque à des sujets de société pour dénoncer certains comportements contraires aux valeurs du XVIIe siècle. On chercher à satisfaire à la double exigence de plaire et d’instruire.
Nous allons maintenant passer à un rapide résumé de l'œuvre. Le Malade imaginaire est une comédie-ballet qui intègre de la musique, de la danse et du chant et est donc une sorte d’œuvre multiforme. La pièce commence en effet avec un prologue dans lequel des personnages issus de l’Antiquité célèbrent la victoire de Louis XIV dans sa compagne guerrière en Hollande. Le récit à proprement parler démarre à l’Acte I, dans lequel on fait la connaissance d’Argan, un hypocondriaque qui compte et recompte son traitement sous l’œil de sa servante Toinette qui le met en garde contre la charlatanerie de son apothicaire M. Fleurant et de son médecin M. Purgon. Angélique, la fille d’Argan est amoureuse de Cléante et souhaiterait l’épouser. Malheureusement son père a d’autres projets pour elle et souhaite la marier au jeune médecin Thomas Diafoirus. Toinette s’oppose à ce mariage et essaie de convaincre Argan de son erreur tandis que Béline, la seconde femme d’Argan le conforte dans son choix tout en le poussant à écrire un testament en sa faveur. À la fin du premier acte, intervient un premier intermède dans lequel Polichinelle, amoureux de Toinette, exprime son amour à cette dernière, mais se fait rabrouer puis rouer de coups de bâton. Cet intermède est typique de la commedia dell’arte.
L’Acte II commence avec Cléante qui s’introduit dans la maison d’Argan en se faisant passer pour le professeur de musique d’Angélique. Les jeunes amants profitent de cette leçon pour se déclarer mutuellement leur amour en cachette grâce au chant qu’ils interprètent. On comprend qu’Angélique ne souhaite pas épouser Thomas Diafoirus et qu’elle reproche à Beline de ne s’intéresser qu’à l’argent de son père. Par la suite, Argan apprend par Louison la petite sœur d’Angélique, que cette dernière a accueilli un jeune homme dans sa chambre. Il décide donc que si sa fille ne souhaite pas épouser Thomas, elle ira au couvent. Béralde, le frère d’Argan, fait alors son apparition et tente de calmer son frère en lui présentant un numéro de danses égyptiennes, qui constituent le second intermède.
Dans le troisième et dernier acte, Béralde essaie donc de raisonner son frère, mais il n’y parvient pas. Il va même jusqu’à renvoyer, M. Fleurant l’apothicaire, car il sait que c’est un charlatan. Cela a pour effet de provoquer la colère du médecin M. Purgon, qui prévient Argan qu’il va mourir dans les prochains jours s’il ne suit pas son traitement. Pour achever de prouver le ridicule de ces remèdes et de la médecine en règle générale, Toinette se déguise en médecin et prend Argan au piège. Enfin, Toinette a l’idée d’un dernier stratagème pour faire éclater la vérité. Elle propose à Argan de feindre sa mort pour voir la réaction de Béline. Cette dernière n’éprouve aucune tristesse et au contraire se réjouit d’amasser enfin la fortune de son mari. Argan découvre donc le vrai visage de sa femme et finit par accepter que sa fille épouse Cléante. La pièce se termine par un dernier intermède, dans lequel on assiste à une sorte de cérémonie d’intronisation d’Argan en tant que médecin.
Maintenant je vais vous parler des thèmes principaux de l’œuvre pour que vous puissiez, quel que soit le passage sur lequel vous tombez à l’oral, les ressortir et les utiliser dans votre analyse à l'oral.
Le premier thème central est celui de la satire des mauvais médecins. Argan est un hypocondriaque, donc un personnage obsédé par la maladie et croyant être atteint de toutes les maladies du monde. Il est sans cesse assisté d’un apothicaire et d’un médecin qui ne font que lui prescrire des remèdes divers et variés. Il est toujours angoissé et cherche constamment à être rassuré. Grâce à ce personnage d’hypocondriaque, Molière reprend un thème qu’il a déjà traité, la médecine. À l’époque, la médecine est encore une science très approximative et on critique souvent les médecins en visant notamment leurs remèdes semblables pour tous (saignées, clystères, purges) et donc perçus comme inutiles. Molière n’est donc pas révolutionnaire en faisant une satire des mauvais médecins, car ils sont une cible commune. Ils sont sans cesse ridiculisés, car malgré, leurs grands airs, ils semblent en réalité avoir très peu de connaissances et n’arrivent pas à guérir les malades. Dans Le Malade imaginaire, les médecins sont principalement ridiculisés par leurs remèdes grotesques et par les faux médecins mis en scène dans la pièce. En effet, Toinette se déguise en médecin dans le dernier acte, démonstration du ridicule de leur pratique et de l’arbitraire de leurs méthodes. Les médecins sont présentés comme des figures prétentieuses qui sont en réalité ignorantes. La scène 5 de l’acte II est très représentative de cet élément-là. On assiste dans cette scène à la consultation d’Argan par Monsieur Diafoirus et son fils Thomas. Ces deux médecins sont présentés comme ridicules, car ils sont rétrogrades et restent attachés aux enseignements de la faculté de médecine, sans prendre en considération les avancées de la discipline, comme les théories sur la circulation du sang. Ce qui est satirisé ici c’est le manque d’ouverture et d’esprit critique du médecin. La multiplication de faux mots savants et de termes latins illustre également leur pédanterie. Enfin, leurs méthodes en elles-mêmes sont inefficaces et prouvent leur manque de compétence : en effet, le seul geste médical présenté est celui de prendre le pouls d’Argan, et le diagnostic entier se base sur ce seul élément, et de plus, ils se contredisent dans leurs résultats.
En plus de ne pas guérir les patients, les médecins iraient même jusqu’à précipiter leur perte comme le remarque Béralde à l’acte III : « Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leur maladie ». L’apparence du savoir apparaît plus importante que le savoir en tant que tel, comme l’illustre ce passage de la fin de la pièce : « Argan : Quoi ! L’on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ? Béralde : Oui. L’on n’a qu’à parler ; avec une robe et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison. » Les gens se laissent berner par le vêtement du médecin. Béralde reproche surtout aux médecins leur dogmatisme : « c’est […] un homme qui croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques, et qui croirait du crime à les vouloir examiner ». Béralde apparaît comme le personnage porte-parole de Molière. Les deux partagent une même vision du rôle de la comédie. Cette dernière a pour but de souligner les défauts de certains comportements, et les corriger par le rire. Ce rôle moral de la comédie est décrit par Molière lui-même dans la préface de Tartuffe en 1669. Dans la suite du dialogue, Argan tente de répondre aux arguments de Béralde, mais, contrairement à ce dernier, il ne raisonne pas et présente la médecine comme une religion à laquelle on devrait croire. On comprend rapidement que Béralde est bien plus convaincant, et qu’Argan n’arrive pas à répondre à ses arguments et se retrouve donc forcé d’employer ironie et mauvaise foi.
Le dialogue se poursuit avec une mise en abyme qui évoque Molière lui-même :
« Argan : C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins
Béralde : Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine. »
La mention du nom de Molière provoque un effet de surprise pour le spectateur et rompt l’illusion de la pièce, parce qu’on mêle la réalité aux personnages fictifs. Le dialogue continue ainsi « Argan : Tant pis pour lui s’il n’a point recours aux remèdes. Béralde : Il a ses raisons pour n’en point vouloir, et il soutient que cela n’est permis qu’au gens vigoureux et robustes qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec la maladie ; mais que pour lui, il n’a justement de la force que pour porter son mal. » Ce passage permet d’une part à Molière d’anticiper les critiques faites sur sa pièce et d’y répondre par l’intermédiaire de Béralde, et d’autre part de revendiquer une forme d’acceptation et de résignation face à la maladie qui ne peut être guérie. Béralde soulignait déjà cet élément-là plus tôt dans la scène : « Que faire donc quand on est malade ? Béralde : Rien mon frère. Argan : Rien ? Béralde : Rien. Il ne faut que demeurer en repos . » C’est cette force qui manque justement à Argan dans la pièce.
Argan se met lui-même en scène dans ce passage en jouant le rôle du médecin et en adressant ce qu’il dirait à Molière s’il le rencontrait « Crève, crève ! cela t’apprendra une autre fois à te jouer de la Faculté ! » Cette réplique est d’autant plus comique que c’est Molière lui-même qui joue le rôle d’Argan et donc il s’apostrophe ici lui-même.
Argan est sans cesse influencé par les médecins et n’arrive pas à se forger son propre esprit critique. Il est seul et coupé des autres, car il est sans cesse préoccupé par son corps et l’évolution de ses prétendues maladies. Beaucoup de périphrases sont par ailleurs utilisées dans les descriptions des maladies, ce qui renforce le manque d’expertise des médecins et la perception faussée d’Argan sur son propre corps. Le titre annonce directement l’illusion dans laquelle se trouve Argan, on sait que sa maladie n’est qu’imaginaire et c’est avec cette connaissance-là qu’on comprend les différents épisodes de la pièce.
Un second thème important est celui du jeu de la vérité et de l'illusion.
L’articulation entre l’illusion et la vérité est centrale dans la pièce. La première illusion et la plus importante est forcément celle dans laquelle vit Argan et qui donne son titre à la pièce. Comme nous l’avons vu, il vit dans l’illusion de sa maladie et n’arrive pas à se défaire de la certitude de sa mort prochaine. Mais il est également sujet à une autre illusion, celle de l’amour marital. En effet, il est persuadé que Béline est une femme aimante qui s’occupe sans cesse de son pauvre mari souffrant et qui serait prête à tout pour assurer son bien-être. Mais par divers procédés comiques, on comprend rapidement dans la pièce qu’elle ne s’intéresse qu’aux biens matériels d’Argan et attend sa mort pour récupérer son héritage. Comme au premier acte, lorsque Béline dit être trop affectée par l’idée même de la potentielle mort de son mari pour penser à son testament et aux biens matériels, alors qu’elle ne cesse de revenir sur la somme qui lui reviendrait :
« Béline : Non, non, je ne veux point de tout cela. Ah ! combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? Argan : Vingt mille francs, mamour. Béline : Ne me parlez point de bien, je vous prie. Ah de combien sont les deux billets ? Argan : Ils sont, mamie, l’un de quatre mille francs, et l’autre de six. Béline : Tous les biens du monde, mon ami, ne sont rien au prix de vous ».
C’est également dans cette perspective-là qu’elle essaie d’écarter Angélique pour profiter pleinement de l’héritage d’Argan. Angélique et Toinette ne sont par ailleurs pas dupes des machinations de Béline. Différents personnages essaient, par diverses stratégies, de faire réaliser à Argan l’illusion dans lequel il se s’enferme. Dans un premier temps, Toinette le sermonne en lui faisant réaliser que l’apothicaire et le médecin le gavent de remèdes, mais le seul effet sur Argan est celui de lui faire perdre son sang-froid et de le faire sortir de ses gonds. Béralde, son frère, essaie ensuite de le raisonner notamment au sujet du prétendant de sa fille, mais également sur sa santé qu’il décrit comme excellente. Cela n’aboutit pas plus que le sermon de Toinette. Enfin, cette dernière imagine deux nouvelles stratégies à la suite pour faire éclater la vérité. Dans un premier temps, elle se déguise en médecin pour illustrer le ridicule de leurs pratiques et donc mener une satire de la profession. Argan perce presque le mystère au vu de la ressemblance frappante du médecin avec Toinette, mais grâce à la rapidité de cette dernière et l’appui de Béralde, le déguisement fonctionne et Argan commence pour la première fois à questionner les pratiques d’un médecin. Sa seconde stratégie est celle de contrefaire la mort d’Argan pour permettre de mettre à jour la duplicité de Béline. En effet, au moment où elle apprend la mort de son mari, Béline n’est pas affectée et bien au contraire se réjouit de récupérer son héritage tout en soulignant le dégoût qu’il lui inspirait. Soumise à la même supercherie, Angélique au contraire est dévastée par la mort de son père. Grâce à cette machination de Toinette, Argan est enfin convaincu de l’hypocrisie de sa femme et change également d’avis concernant le mariage de sa fille. Cependant, il reste dans l’illusion de la médecine, car il n’arrive pas à s’en détacher et finit par devenir lui-même médecin pour combattre sa peur de la maladie et de la mort.
Une autre thématique importante dans la pièce est celle du théâtre dans le théâtre. Lié aux thématiques de l’illusion et de la vérité, on peut relever l’omniprésence du « théâtre dans le théâtre » dans Le Malade imaginaire. Beaucoup de personnages « organisent » en effet eux-mêmes leurs propres pièces de théâtre. Toinette est à la fois une comédienne quand elle prend le rôle du nouveau médecin, mais également celui de metteure en scène lorsqu’elle organise la fausse mort d’Argan. C’est par la performance que la vérité pourra éclater. Il y a aussi concrètement des spectacles dans le spectacle dans la mesure où les intermèdes sont des petites pièces en elles-mêmes qui sont intégrées à l’intrigue principale. Ce sont parfois les personnages eux-mêmes qui initient ces spectacles comme Béralde qui introduit l’intermède des Égyptiens : « je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera votre chagrin ». Les exemples de théâtre dans le théâtre sont encore nombreux dans la pièce : Louison qui fait semblant de mourir, la déclaration d’amour dissimulée de Cléante et Angélique qui n’est possible que parce qu’Argan croit qu’elle est jouée parce qu’elle est chantée ou encore la critique de lui-même que Molière insère à l’acte III et qui constitue une mise en abyme sur le théâtre.
Nous pouvons évoquer encore le genre de la comédie-ballet. La comédie-ballet est un spectacle total mêlant musique, danse et chant. C’est un mélange d’influences très prisées par Louis XIV et Molière va en créer plusieurs, dont Le Malade imaginaire. L’idée est d’offrir un divertissement complet au spectateur, mais toutefois intégré dans l’intrigue. En effet, les différents intermèdes sont liés à l’intrigue, et les liens avec les personnages de la pièce sont clairs. On a tout d’abord un prologue sur la gloire de Louis XIV qui annonce la thématique de l’amour en mettant en scène les amours d’un berger et d’une bergère. Le premier intermède, à la fin du premier acte, reprend le motif de l’amour malheureux dans une scène typique de la commedia dell’arte. Le second intermède aborde, au travers de la danse des Égyptiens, la question du mariage, centrale dans la pièce. Enfin, le troisième s’inscrit totalement dans la satire de la médecine, car il met en scène la cérémonie d’intronisation d’Argan où on ne cesse de ne déblatérer un latin ridicule qui est censé paraître cultivé. Ces différents intermèdes permettent d’amener des changements de rythmes dans la pièce et de créer un certain dynamisme par la variété des genres. Ils sont par ailleurs typiques de la tradition burlesque, de par leur thématique et leur mise en scène, à la fois chantée, jouée et dansées. On peut aussi voir le genre de la comédie-ballet comme l’ancêtre lointain de la comédie musicale.
Un dernier élément central à aborder est celui des formes du comique.
Le Malade imaginaire demeure quand même une comédie et l’objectif est bien de divertir le lecteur. Dans la pièce, de nombreux procédés comiques sont employés pour provoquer le rire du lecteur et dénoncer la charlatanerie de la médecine. On peut dans un premier temps relever un comique de mots avec le vocabulaire latin utilisé pour ridiculiser la médecine, de même qu’un vocabulaire savant. C’est surtout la langue de Thomas qui est moquée, dans la scène V de l’Acte II, mais aussi le latin ridicule des médecins lors du dernier intermède. Le choix des noms participe également de ce comique de mots. En effet, les noms des différents personnages ne sont pas choisis au hasard : Béline renvoie au féminin de Belin, petit bélier, et désigne un être doucereux ; Diafoirus, le nom du médecin, est un mélange entre une racine grecque qui souligne la pédanterie du personnage et le préfixe « foirus » qui renvoie aux coliques et donc à l’univers scatologique ; ce comique scatologique est très présent chez Molière et se retrouve dans le nom du médecin Purgon, issu du verbe purger et de celui de l’apothicaire M. Fleurant, jouant sur le verbe « fleurer » signifiant « répandre une odeur agréable », alors qu’il doit examiner l’arrière-train des patients («C’est à M. Fleurant à y mettre le nez, puisqu’il en a le profit » comme le dit Toinette en parlant d’un lavement d’Argan). La scatologie est également présente dans la mise en scène, car Argan est sur une chaise percée pendant les trois premières scènes de la pièce et il s’absente plusieurs fois pour aller se soulager. Enfin le nom du notaire, Monsieur Bonnefoy, fonctionne par antiphrase. Les injures sont également à comprendre dans un comique de mots, typique de la farce, par exemple dans la scène 5 de l’Acte I, qui montre la dispute entre Toinette et Argan.
Le second comique à relever est le comique de répétition, utilisé dans de nombreuses scènes, par exemple par Toinette dans la scène 10 de l’acte III, lorsqu’elle est déguisée en médecin. Le comique de caractère est également central parce que les personnages mis en scène sont très stéréotypés et sont donc présentés comme ridicules et excessifs par rapport à la norme. Cet élément-là est très important dans le comique de Molière de manière générale, qui cible souvent des personnages s’éloignant des normes de mesure qui sont centrales au XVIIe siècle, au travers de la figure de l’honnête homme. Comme personnages excessifs, nous pensons ici principalement à Argan qui refuse de voir la vérité et qui s’obstine dans son illusion, mais aussi forcément dans le reste de l’œuvre de Molière à Alceste le misanthrope, Arnolphe de l’École des femmes ou encore les femmes des Précieuses ridicules. Enfin le comique de situation est bien représenté notamment dans la scène 5 de l’acte I qui met en scène une dispute entre Toinette et Argan. Cette dispute est typique de la farce, car elle montre une bastonnade ; en effet Argan poursuit sa domestique avec un bâton à la main (comme l’indiquent les didascalies), ce qui induit un jeu de scène comique et farcesque. On retrouve ce comique de situation dans le dernier intermède, mais aussi dans les différents quiproquo et supercheries mis en scène dans la pièce, comme la confusion sur le prétendant d’Angélique ou les stratégies de Toinette.
Pour conclure, il est important de retenir le genre particulier de la comédie-ballet qui intègre différents numéros et qui offre dans une variété de rythmes et de genre. Molière se saisit de ce genre pour développer une satire des mauvais médecins, présentés comme des personnages dogmatiques qui dissimulent leur ignorance derrière un vocabulaire et une apparence savantes. Cette satire se construit par différents procédés comiques souvent employés par Molière et par une savante construction de la pièce qui joue sur les doubles sens, les stratagèmes et les supercheries. Avec Le Malade imaginaire, Molière signe sa dernière pièce, qui, comme un grand nombre de ses créations, demeure un classique dans l’histoire littéraire française.
J'espère que cela vous aura aidé et bon courage pour vos réunions !