Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !

Les Fleurs du Mal de Baudelaire en 42min - pour cartonner à l'ORAL ! 🎓

December 05, 2021 Breaking Smart - Nina Season 1 Episode 6
Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !
Les Fleurs du Mal de Baudelaire en 42min - pour cartonner à l'ORAL ! 🎓
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🧠 Maîtrise les Fleurs du Mal de Baudelaire en 42min pour cartonner à tes épreuves de Français, à l'oral, comme à l'écrit.
 
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Dans cet épisode, Nina revient de manière claire et concise sur tous les aspects de ce fameux recueil de poèmes :
✅ Sa structure
✅ Le spleen et idéal
✅ Les femmes
✅ Les correspondances et synesthésies
✅ La ville et modernité
✅ La mort
✅ Le parcours associé : alchimie poétique, la boue et l’or

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Ce podcast est divisé en 5 parties :
👉🏼 Brève biographie de Baudelaire
👉🏼 Contexte historique
👉🏼 Mouvement littéraire
👉🏼 Bref résumé de l'œuvre
👉🏼 Thèmes et axes d'analyse pour cartonner à tes épreuves de Français

À la fin de cette vidéo, tu seras capable, quel que soit le passage sur lequel tu tombes, de très bien t'en sortir lors de tes épreuves de Français 🤩!

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🤗 Merci de nous avoir écoutés !

Bonjour à tous ! Aujourd'hui, nous allons parler du recueil de poèmes Les Fleurs du Mal écrit par Baudelaire et publié pour la première fois en 1857. Il appartient à l'objet d'études "La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle" et au parcours "alchimie poétique, la boue et l'or". Après une longue pause, je vous retrouve enfin dans ce nouvel épisode pour vous aider à maîtriser cette œuvre en vue de vos épreuves de français. Parce qu'il est nécessaire, pour chaque œuvre, de connaître certains éléments indispensables : une brève biographie de l'auteur, le contexte historique et littéraire de l'œuvre ainsi que ses principaux thèmes et axes d'analyse. L'idée est qu'après ce temps passé avec moi vous soyez suffisamment à l'aise avec l'œuvre pour très bien vous en sortir lors de vos examens .

Nous commençons donc avec une brève biographie de l'auteur Charles Baudelaire, né en 1821 à Paris. Il perd son père à l'âge de 5 ans et sa mère se remarie avec le lieutenant-colonel Aupick.

Le jeune Charles entretient des rapports assez conflictuels avec son beau-père notamment quand ce dernier, considérant que l'adolescent mène une vie dissolue, le force à embarquer sur le "Paquebot-des-Mers-du-Sud" pour Calcutta en 1841 après son renvoi du lycée et l'échec de ses études de droit, malgré l'obtention de son baccalauréat. Après une escale à l'île Maurice, Baudelaire refuse d'aller plus loin que l'île de la Réunion, mais il ramènera de ce voyage son goût pour l'exotisme, présent dans ses futurs poèmes. À son retour à Paris en 1842, il touche l'héritage de son père et rencontre l'actrice Jeanne Duval, avec laquelle il entame une liaison amoureuse et dont il restera proche jusqu'à sa mort. 
Cependant ayant déjà dilapidé une grande partie de son héritage, il est placé sous tutelle en 1844. Il est tellement humilié qu'il tente même de se suicider en 1845. À partir de ce moment-là, certains de ses poèmes commencent à être publiés ainsi que ses critiques d'art. Il fait l'expérience du haschich par l'intermédiaire de son ami Louis Ménard, au sein du "Club des Haschischins". En plus du haschich, Baudelaire consomme régulièrement de l'opium, dont il devient dépendant. Il mène une vie de bohème débridée et passionnée, et se considère lui-même comme un dandy, terme anglais désignant un homme à la recherche d'un certain raffinement et d'une excentricité, accordant beaucoup d'importance au paraître. En 1848, il prend part à la révolution de février en participant aux barricades. Dès ces années-là, il commence à traduire des textes d'Edgar Allan Poe, auteur pour lequel il nourrit une grande admiration. En 1857, sont publiées Les Fleurs du Mal dans leur première version et le scandale éclate. Deux mois après sa sortie, le recueil est en effet condamné pour "outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs". Il va toutefois continuer à publier des poèmes qui figureront plus tard dans le recueil. Il compose aussi à cette époque-là, Les Petits poèmes en prose.

En 1864, il s'exile en Belgique pour tenter de trouver de nouveaux soutiens, mais il se débat entre problèmes financiers et maladie. Dès 1866, il commence à souffrir d'hémiplégie, paralysie d'une partie du corps. Il est ramené à Paris en juillet 1866 pour soigner ses problèmes médicaux dans la maison de santé du docteur Duval, où il finit par mourir de la syphilis en 1867, maladie dont il souffre depuis sa jeunesse.

Nous allons maintenant aborder les contextes historiques et littéraires de l'œuvre en commençant par la situation politique. Le XIXe siècle français est très instable politiquement. Divers systèmes politiques se succèdent très rapidement. En effet en l’espace d’un siècle, la France connaîtra deux empires, trois monarchies, deux républiques et trois révolutions. En 1804, Napoléon est nommé empereur des Français. Il cherche à agrandir son empire en menant une campagne d’expansion en Europe. Mais après certains revers, dont une défaite en Russie, une coalition européenne se crée et la France est envahie. L’empereur se voit contraint d’abdiquer et est envoyé sur l’Île d’Elbe. Il parvient à s’échapper et reprend le pouvoir qui avait été entre temps confié à Louis XVIII, le frère de Louis XVI. Cela ne dure cependant pas et Napoléon connaît une défaite finale à Waterloo en 1815, avant d’être envoyé en exil à Sainte-Hélène où il meurt six ans plus tard. Après ce premier Empire, la France connaît la Restauration de la monarchie jusqu’en 1848. Un roi est à nouveau à la tête du pays, même si son pouvoir est passablement limité car certains acquis de la Révolution de 1789 ont été maintenus. Le premier roi à régner est donc Louis XVIII de 1815 à 1824, suivi par Charles X qui retourne à une monarchie moins libérale. Cela va provoquer la colère du peuple et ce dernier est envoyé en exil, à la suite du soulèvement des Trois Glorieuses en 1830. Louis-Philippe accède alors au trône. La fin de son règne est marquée par une forte crise économique en 1848. Le peuple parisien se révolte une seconde fois et installe des barricades dans la ville au mois de février. Le roi se trouve obligé d’abdiquer et la République est proclamée. Certains progrès sociaux sont acquis pendant cette période comme le suffrage universel (cependant pas encore accordé aux femmes) ou la liberté de la presse, inscrite dans la nouvelle Constitution de 1848. Cependant, la bourgeoisie conservatrice nomme assez vite un président, en la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu du premier empereur. Les libertés acquises diminuent progressivement et, après un coup d’État, le Second Empire est proclamé en 1852. Napoléon III épouse une comtesse espagnole qui devient l’impératrice Eugénie. La France cherche à nouveau à agrandir ses possessions coloniales mais une guerre se déclare contre la Prusse en 1870, lors de laquelle l’empereur est fait prisonnier. Pendant ce temps à Paris, la révolte gronde à nouveau et la Commune, gouvernement insurrectionnel, est proclamée. La répression sera très violente et plusieurs dizaines de milliers de parisiens sont tués, condamnés ou déportés. Mais la troisième République est nommée et elle perdurera jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Nous pouvons maintenant aborder la transformation de Paris. La population parisienne augmente considérablement au cours du XIXe siècle. D’importants travaux sont alors entrepris et c’est le baron Georges Haussmann, préfet de la Seine, qui est chargé de l’organisation des travaux. Cette transformation a pour but à la fois d’augmenter le prestige de la ville, d’offrir du travail aux ouvriers et d’ériger de grandes avenues afin d’éviter la construction de barricades. La ville y gagne en termes d’hygiène et de sécurité. Par ailleurs, les pauvres désertent le centre-ville, dont les immeubles luxueux sont réservés aux bourgeois. Baudelaire est un observateur privilégié de ces mutations et les évoque dans ses poèmes, particulièrement dans la section « Tableaux parisiens » des Fleurs du Mal.

Nous allons maintenant aborder les différents mouvements littéraires dont Baudelaire s'est inspiré. Le premier mouvement dont se nourrit Baudelaire est celui du romantisme. C’est un courant littéraire, philosophique et artistique qui touche toute l’Europe, et qui est dominant en France lorsque Baudelaire arrive sur la scène littéraire. On en voit les premières traces à la fin du XVIIIe siècle avec Rousseau mais surtout avec Goethe et Schiller en Allemagne. Il se développera néanmoins surtout au XIXe siècle. Le romantisme se construit en opposition au classicisme du XVIIe, encore mouvement dominant à ce moment-là. Les différents romantismes nationaux présentent des différences notables mais également des caractéristiques communes. Tout d’abord, l’importance de la sensibilité et de l’imagination ainsi qu’un rapport privilégié à la nature. Ensuite, une forme d’insatisfaction de l’individu qui, conscient que le temps s’écoule et se dégrade, ressent un ennui profond et de la mélancolie et cherche donc l’évasion par le voyage ou le retour dans un passé mythique. Le Moi inquiet ressent un « mal du siècle » et aspire à l’infini. Le romantisme littéraire est surtout marqué par les figures de Chateaubriand, Lamartine, Hugo en France et Byron en Angleterre. En musique, Chopin révolutionne les codes du piano, tandis qu’en peinture Delacroix marque un tournant. Baudelaire, sans être un chef de file clair du romantisme, s’est inspiré de différentes de ces caractéristiques dans Les Fleurs du Mal, dont cette quête d’absolu et cette aspiration vers l’infini. Le second mouvement à évoquer pour comprendre Les Fleurs du mal, est le Parnasse. Son principal chef de file est Théophile Gautier qui développe sa théorie de « L’art pour l’art », dans la préface de Mademoiselle de Maupin. S’opposant à la fois au romantisme et au classicisme, il refuse la dimension morale et sociale de la littérature. Il se dresse en cela également contre l’utilitarisme bourgeois, porté par les progrès techniques et scientifiques dont Zola s’inspirera à la fin du siècle. À la suite de Gautier, différents auteurs, partageant ses préoccupations, vont se réunir. En 1866 ces derniers font paraître le premier Parnasse contemporain, suivi de deux autres en 1869 et 1876. Ce sont des recueils de vers composés par des auteurs comme Gautier lui-même, Baudelaire ou encore Leconte de l’Isle. Le terme « Parnasse » fait référence à la mythologie grecque et désigne le lieu où les muses vivent en compagnie d’Apollon. Les poètes du Parnasse mènent une quête de perfection formelle et estiment que l’art ne doit pas avoir d’autres visées que le Beau. C’est surtout par la pratique de la poésie qu’ils tentent d’approcher cet Idéal. La perfection formelle et l’attachement à l’esthétisme dont Baudelaire fait preuve dans ses œuvres, en font un parfait héritier du Parnasse. Les Fleurs du Mal sont par ailleurs dédicacées à Gautier, décrit comme le « poète impeccable ». Le troisième mouvement central à relever est le symbolisme. Ce dernier cherche à montrer l’importance du pouvoir de suggestion des mots et la musicalité des vers. Il se nourrit pour cela d’associations étranges de mots et établit des correspondances entre le monde matériel et le spirituel. Les thèmes de l’inconscient et de l’éphémère y sont souvent développés. Les symbolistes expriment l’impossibilité de décrire le monde directement, et donc la nécessité de passer par la suggestion et les symboles. Baudelaire est souvent décrit comme le précurseur du mouvement symboliste, suivi entre autres par Mallarmé, Verlaine ou encore Rimbaud.

Nous allons maintenant aborder le scandale et les différentes publications de l'œuvre. En 1857, la première publication du recueil est condamnée pour « outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs ». Une amende de 300 fr d’époque est adressée à Baudelaire, ainsi que la nécessité de supprimer six poèmes : « Les Bijoux », « Le Léthé », « A celle qui est trop gaie », « Femmes damnées », « Lesbos » et « Les Métamorphoses du Vampire ». On leur reproche leur immoralité (principalement leur obscénité, le développement de la thématique de l’homosexualité féminine et leur érotisme sadique) et ils sont donc interdits de publication. Cette condamnation se comprend dans le contexte très autoritaire du Second Empire où la censure est légion. En effet, un peu plus tôt la même année, Madame Bovary de Flaubert connaît également un procès par le même procureur, Ernest Pinard. C’est principalement par la presse que le recueil va être condamné et les articles accusateurs se multiplient. Certains auteurs vont néanmoins apporter du soutien à Baudelaire comme Victor Hugo, Jules Barbey d’Aurevilly, Théophile Gautier, ou encore Charles Asselineau. Baudelaire se défend et va même jusqu’à écrire à l’impératrice Eugénie pour réduire son amende, à cause de ses difficultés financières. Il obtiendra la réduction. Malgré ce succès de scandale qui propulse l’oeuvre sur le devant de la scène, le recueil bénéficie également de critiques positives et donc d’un succès d’estime de la part d’autres penseurs. En effet, Baudelaire est connu des cercles littéraires car il avait l’habitude de lire ses poèmes à voix haute lors de rencontres dès les années 1940 et plusieurs des pièces du recueil avaient déjà été publiées dans des revues. Le recueil connaît une seconde publication en 1861, sans les six poèmes interdits, mais augmentée de trente-deux nouveaux poèmes, composant la section des « Tableaux parisiens ». En 1866, un recueil nommé « Les Épaves », qui réunit vingt-trois poèmes dont les six censurés, est publié à Bruxelles. Baudelaire tient en effet à publier ses « épaves », tel qu’il les appelle lui-même, et choisit la Belgique car la censure y est beaucoup moins sévère qu’en France. Cependant, le recueil est à nouveau interdit par le tribunal correctionnel de Lille. 
C’est seulement dix ans plus tard, à la troisième édition, datant de 1868 et donc posthume, que le recueil connaîtra un succès retentissant mais toujours sans les poèmes censurés. En effet, il faudra attendre presque un siècle pour que Baudelaire soit totalement réhabilité. En 1949, la condamnation de la justice est enfin annulée et le recueil complet peut être publié. Les Fleurs du mal n’étant pas un roman ou une pièce de théâtre, elles ne sont donc pas construites autour d’une intrigue à proprement parler. Le recueil est néanmoins structuré en six grandes section, l’organisation des poèmes étant en effet centrale pour Baudelaire car elle donne sens au recueil. D’ailleurs, en 1857, quand les six poèmes ont été censurés, il a souhaité retirer le recueil entier de la vente car il perdait tout son sens. Le recueil s’ouvre par un poème dédicace intitulé « Au Lecteur », qui initie une forme de fraternité entre le poète et le lecteur. Commencent ensuite les six grandes sections : Spleen et Idéal : cette première partie met en scène la tension à laquelle est soumise le poète entre le spleen, une forme d’angoisse et d’ennui existentiel, et sa volonté d’atteindre l’Idéal ; Tableaux parisiens : dans la seconde partie, les Tableaux parisiens, Baudelaire dépeint la solitude et la perte de repères de l’individu dans le cadre de la ville moderne et de la foule. L’Autre est étranger et il est très difficile de s’en approcher ; Le Vin : La troisième partie, Le Vin, illustre la tentative de fuite au travers de différents ; « Paradis artificiels » que sont l’alcool et la drogue. On recherche une libération par l’ivresse sous toutes ces formes ; Les Fleurs du mal : La partie dénommée ensuite « Fleurs du mal » développe le thème de la luxure et donc du vice et de la débauche. Ces derniers, au lieu de mener à l’Idéal, entraînent plutôt une perte de soi ; Révolte : La cinquième partie, la « Révolte », désigne la révolte face à Dieu suite aux échecs de la recherche de l’Idéal, décrites dans les sections précédentes. Le poète s’éloigne de Dieu et célèbre une alliance avec Satan ; La Mort : Enfin, la sixième et dernière partie, « la Mort », présente la mort comme l’ultime moyen de se sauver de l’ennui et du désespoir terrestres. Elle est décrite comme un grand voyage qui amènera peut-être vers de nouveaux horizons. Au lieu d’être angoissante et terrifiante, la mort est présentée comme salvatrice. Toute la structure du recueil cherche à montrer le long enfoncement du poète dans le spleen. Par ailleurs, Baudelaire prévoyait d’achever le recueil par un épilogue, qui aurait été le pendant du premier poème, « L’Adresse au lecteur ». Il s’agit d’un poème en tercets adressé à la ville de Paris, qui n’a jamais été achevé. L’Édition moderne est la plupart du temps composée de la deuxième édition, suivie des Épaves, les premiers poèmes interdits. Il faut également souligner qu’au-delà de la variété de thématiques abordées, le recueil connaît une variété de formes poétiques. En effet, malgré la prédominance de l’alexandrin, certains poèmes sont rédigés en décasyllabe (comme La Mort des amants), en octosyllabe (Abel et Caïn, ou L’Irrémédiable), voire en vers impairs (heptasyllabes dans À une mendiante rousse, et pentasyllabes dans L’invitation au voyage). Baudelaire incarne donc une forme de modernité en déstructurant les formes poétiques classiques comme l’alexandrin ou le sonnet, ainsi qu’en ayant recours à des mètres moins usités. Maintenant, je vais vous parler des thèmes principaux de l'œuvre pour que vous puissiez, quel que soit le passage sur lequel vous tombez lors de vos épreuves, les ressortir et les utiliser dans votre analyse.

Le premier thème principal est spleen et idéal. La tension entre ces deux extrêmes est au coeur du recueil. Nous l’avons dit, c’est le nom de la première section, la plus importante, et celle qui contient le plus de poèmes (85 sur 126 en tout). Malgré le titre, dans la section, ils sont traités dans l’autre sens, d’abord la description de l’idéal puis celle du spleen. Le spleen est un terme anglais signifiant la rate, un organe du corps humain situé sous le diaphragme. Il désigne une mélancolie profonde, car, selon la théorie des humeurs héritée d’Hippocrate, la rate était le siège de la mélancolie car elle produisait la bile noire. Le spleen naît donc cette mélancolie et désigne un ennui profond de l’homme, voire un dégoût de l’existence. L’ennui est par ailleurs présenté comme le plus grand vice de l’homme dans l’introduction de Baudelaire au recueil, « Au lecteur » : "II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris 
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui !" C’est de l’angoisse face à cet ennui et de l’impuissance de l’homme pour s’en détacher que naît d’abord le spleen. Il peut être engendré par différents éléments comme l’impossibilité d’atteindre l’Idéal, la maladie, la misère, la fuite inéluctable du temp. Quatre poèmes prennent le nom de « Spleen » à la fin de la section. Le plus connu est peut-être le quatrième qui décrit en profondeur le mal-être du poète : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle 
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle 
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits […] 
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, 
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir." Malgré son évidente dimension négative, le spleen est néanmoins nécessaire au poète. Toute beauté semble indissociable d’une forme de mélancolie. L’Idéal est le pendant absolu du spleen. Pour en comprendre exactement les enjeux, il faut faire référence à la philosophie idéaliste de Platon selon lequel « le monde qui nous entoure est le reflet d’un monde idéal, d’un monde des idées ». Pour Baudelaire, le monde dans lequel nous vivons représente un grand chaos et au-delà de ce chaos, existe un autre monde d’unité, d’ordre et de beauté qui correspond à sa vision de l’idéal. C’est ce monde qu’il espère atteindre grâce à deux éléments centraux : l’amour et l’art. Mais ses tentatives se soldent par des désillusions qui mènent au spleen, à l’angoisse existentielle. Ce sont principalement les artistes et les grands penseurs qui tendent vers ce monde des idées car ils se considèrent plus sensibles et aptes que le commun des mortels. C’est en utilisant cette capacité qu’ils s’échappent du monde visible et chaotique dans le but d’en atteindre un supérieur. Cependant cette ambition est illusoire et vouée à l’échec, car l’objectif est trop beau et irréalisable. L’idéal peut revêtir plusieurs aspects : le voyage, les femmes, les paradis artificiels. Mais c’est en tentant d’approcher l’Idéal, que le poète connaît une chute violente. Il est découragé devant l’impossibilité d’atteindre la perfection, notamment artistique. On le voit par exemple dans le poème La Cloche fêlée où le poète se compare à une cloche qui, auparavant claire et chantante, se trouve désormais fêlée et n’arrive plus à exprimer le Beau : « Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis 
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, 
II arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie 
Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts, 
Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts ! »

L’oscillation entre ces deux extrêmes est au cœur du recueil. La « double postulation », c’est- à-dire le fait que tout peut revêtir un aspect à la fois négatif et positif, est repérable dans de nombreux poèmes de la section et du recueil tout entier, au travers des diverses oppositions « ciel vs enfer », « bien vs mal »… Les titres mêmes de Fleurs du mal et Spleen et idéal, incarnent cette dualité. Le titre du recueil est provocateur pour l’époque car il sous-tend que la beauté peut être extraite du mal. Baudelaire refuse par-là de dire que la poésie est uniquement là pour servir le beau. Il faut véritablement examiner le mal et il se distancie en cela de la tradition poétique classique. Cependant, il ne s’agit pas de se complaire dans le mal. La double postulation implique en effet que le Beau existe toujours simultanément au laid, et le Bien au Mal. Chaque expérience peut être perçue en même temps positivement et négativement. Cette double postulation est au coeur de toutes les sections suivantes. De fait, chaque tentative d’atteindre une forme d’idéal (la ville, l’ivresse, le voyage, l’érotisme, la révolte et la mort) contient simultanément le bien et le mal. Cette tension amène un déchirement qui ne peut être résolu.

Le second thème important est les femmes. Le nom de la quatrième section du recueil, Les Fleurs du Mal, désigne les femmes et s’empare donc entre autres du thème de l’érotisme. La femme devient ici un nouveau moyen d’atteindre l’idéal après l’échec des autres fuites (la ville et l’ivresse). Aucune femme réelle n’est jamais nommée directement dans le recueil mais on a souvent décelé trois types de femmes, considérées comme les muses du poète, qui résument les différents rôles attribués traditionnellement à la femme, et derrière lesquels on a vu des femmes issues de la vie de Baudelaire. Dans un premier temps, nous retrouvons la femme exotique (femme aux yeux noirs), qu’on a souvent associée à Jeanne Duval, une actrice métisse dont Baudelaire a été proche tout au long de sa vie et avec laquelle il a entretenu une relation amoureuse longue et tumultueuse. Elle est associée à l’exotisme et à l’Ailleurs comme dans Parfum exotique : « Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne, 
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux 
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;
Une île paresseuse où la nature donne […] ». La seconde figure de femme, est la femme aux yeux bleus, perçue plutôt comme angélique. Cette dernière a été associée à Madame Sabatier, mondaine qui tenait des salons et avec laquelle Baudelaire entretiendra une courte relation en 1852. Il lui envoie notamment le poème, À celle qui est trop gaie : « Le passant chagrin que tu frôles 
Est ébloui par ta santé
Qui jaillit come une clarté 
De tes bras et de tes épaules. » Enfin, la femme aux yeux verts incarne plutôt la figure de la sœur. Cette dernière est associée à Marie Daubrun, une comédienne que Baudelaire a connue et avec laquelle il a vraisemblablement également entretenu une relation. Elle est par exemple célébrée dans le poème « Ciel brouillé » : « On dirait ton regard d’une vapeur couvert ; 
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel, 
Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel. » Différentes attitudes sont mises en avant selon chaque « type de femme » : le désir intense et érotique pour la femme exotique, l’adoration pour la femme angélique comme dans « A une madone » :
« Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse, 
Un autel souterrain asu fond de ma détresse,
Et creuser dans le coin le plus noir de mon coeur, 
Loin du désir mondain et du regard moqueur,
Une niche, d’azur et d’or tout émaillée, 
Où tu te dresseras, Statue émerveillée [...] » et la tendresse pour la soeur. Malgré ces distinctions qui paraissent relativement closes, il est évident que ces figures peuvent coexister au sein d’une seule femme, et qu’elles sont toujours liées. En plus de la sensualité et de la tendresse, la femme peut également incarner le danger, comme dans L’invitation au voyage où le visage de la femme est décrit « avec ses traîtres yeux ». Même la relation amoureuse et érotique n’est pas parfaite et peut se dégrader dans des formes très violentes, comme l’expriment les poèmes traitant directement de sadisme (poèmes censurés). En cela, la femme revêt le rôle de la traîtresse qui ne peut permettre au poète d’assouvir sa soif d’Idéal, comme dans le poème Le Vampire, où elle est assimilée à cette créature assoiffée de sang : 
« Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon cœur plaintif es entrée, 
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée, 
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine ; 
− Infâme à qui je suis lié […] » Les figures de femmes chez Baudelaire apparaissent donc profondément ambivalentes. Les figures féminines fictionnelles, à la fois issues de la mythologie, de la religion ou de la littérature, sont par ailleurs très présentes dans le recueil. Nous y retrouvons par exemple Vénus, Circé, Ève ou encore Lady Macbeth. Le troisième thème important sont les correspondances et synesthésies. Les correspondances désignent des rapprochements de sensations, d’émotions ou d’idées. Un poème des Fleurs du Mal, dans la section « Spleen et idéal », en porte le nom. Sont généralement distinguées les correspondances horizontales, des correspondances verticales. Les premières sont des rapprochements entre deux sensations, l’une en appelant une autre comme ici dans le vers de Correspondances : 
« Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants 
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies. » Les secondes, les correspondances verticales, associent cette fois une sensation à une idée abstraite comme le montre la suite du poème : 
« Et d’autres [parfums], corrompus, riches et triomphants, 
[…] Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

Les correspondances sont souvent associées à la synesthésie, qui désigne un moment où toutes les manifestations des sens se répondent entre elles, se mêlent et surtout se complètent (les sons, les couleurs, les odeurs…) :
« Les parfums, les couleurs, les sons se répondent,
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies […] » L’élément olfactif, ici le parfum, est tour à tour associé aux « chairs d’enfants », caractérisant la douceur du toucher, puis aux « hautbois », caractérisant évidemment la musique et donc l’ouïe, puis enfin aux verts des prairies, cette-fois plutôt associés au visuel. Les correspondances et les synesthésies sont les manifestations d’une Nature qui tient un discours caché. En effet, dans la mouvance « pré-symboliste », Baudelaire cherche à déchiffrer les analogies entre le naturel et le spirituel. La Nature tient elle-même un discours dissimulé, rempli de symboles, que le poète doit découvrir et révéler. Se retrouve ici la figure du poète telle que la conçoit Baudelaire : un voyant qui a pour mission de révéler les signes cachés du monde, au reste des mortels qui ne les saisissent pas. Sa mission est lourde à porter, et tel l’Albatros, le poète est exclu et incompris :
« Le Poète est semblable au prince des nuées 
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au-milieu des huées, 
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. » Nous l’avons dit, Baudelaire est par ailleurs très intéressé par l’art et exerce également la profession de critique d’art. Il admire par exemple le peintre romantique Eugène Delacroix, dont les tableaux lui inspirent des synesthésies. La dimension picturale est donc centrale dans la production poétique de Baudelaire et nourrit les correspondances et synesthésies. Le quatrième thème important est la ville et la modernité. Baudelaire se saisit dans Les Fleurs du Mal et dans le reste de son oeuvre (principalement dans son recueil de poèmes en prose Le Spleen de Paris) du thème de la ville et de la modernité naissante. Ce thème est surtout prégnant dans la section Tableaux parisiens des Fleurs du Mal. Cette seconde section, nous l’avons dit, a été ajoutée à la seconde édition du recueil en 1861, principalement pour combler le manque des Épaves, les six poèmes censurés. Dans la logique de Spleen et Idéal, puis du reste du recueil, il s’agit ici à nouveau d’échapper au spleen. Le poète essaie de fuir son ennui et son angoisse profonds en se réfugiant dans la ville moderne. En privilégiant ce thème, Baudelaire se distancie de la mouvance romantique qui puisait son inspiration dans la nature, il lui préfère l’urbanité naissante. La ville telle que nous la connaissons est encore très nouvelle au XIXe siècle et elle constitue une thématique originale et parfois décriée dans une poésie encore très tournée vers l’exaltation du Beau et de la Nature. La ville apparaît en effet comme l’image par excellence de l’artificiel, en opposition au naturel. Baudelaire va se faire le défenseur de l’artifice, qu’il considère meilleur que la Nature. Nous pouvons mentionner dans ce cadre-là son Éloge du maquillage, dans son recueil d’essais Le Peintre de la vie moderne, publié en 1863. Cette célébration de l’artifice trouvera son apogée à la fin du siècle, par exemple avec le roman L’Ève future de Villiers de l’Isle-Adam, qui décrit la construction d’une femme artificielle destinée à remplacer la femme de chair, perçue comme décevante. Dans les Tableaux parisiens, Baudelaire décrit principalement différents habitants de la ville parfois attachants comme la passante dont il tombe fugacement amoureux dans le poème « À une passante » : « Une femme passa, d’une main fastueuse 
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet […]
Un éclair…puis la nuit ! − Fugitive beauté 
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? » mais souvent effrayants et misérables : vieillards, prostituées, mendiants, aveugle… avec lesquelles il essaie néanmoins de compatir malgré son discours violent, comme ici dans sa description des petites vieilles dans le poème du même nom :
« Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, 
Éponine ou Laïs ! Monstres brisées, bossus
Ou tordus, aimons-les ! ce sont encore des âmes. 
Sous des jupons troués et sous de froids tissus ». Cependant malgré cette foule hétéroclite que le poète rencontre, la ville accentue plutôt son mal-être et sa solitude. Malgré l’agitation permanente, il se retrouve seule et déplore aussi les bouleversements du nouveau Paris : 
« Paris change ! mais rien dans ma mélancolie
N’a bougé ! […] Aussi devant ce Louvre une image m’opprime :
Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous, 
Comme les exilés, ridicule et sublime,
Et rongé d’un désir sans trêve ! […] ». Cette citation provient du poème Le Cygne. Le poète s’associe au Cygne, seule et exilé, au milieu de la ville en pleine mutation. À nouveau, le spleen n’a pas réussi à être chassé.

Le dernier thème important est celui de la mort. La mort, en plus de marquer tout le recueil, est le titre de la dernière section. Le parcours du poète prend ici fin, dans la mort, après avoir tenté de fuir le spleen en quête d’un idéal toujours déçu. Cette section contient le dernier poème du recueil et aussi le plus long, intitulé Le Voyage. Comme son nom l’indique, il associe la Mort à un voyage dont l’issue est inconnue mais semble plutôt favorable : 
« O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! 
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, 
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! 
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’il importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! ». En effet, pour le poète en proie au spleen, la mort est le dernier remède à son ennui et à son angoisse profonde. Peu importe ce qu’il y a ensuite, comme il le dit, ce qui compte véritablement c’est le changement, la nouveauté engendrée par la mort. En tant que cessation de l’existence, la mort est la forme finale du spleen. Le poète souhaite simplement ne plus vivre, être mort. Il ne souhaite pas activement se donner la mort par le suicide mais envie cette état de tranquillité extrême, de repos, et de néant qu’est la mort. Il exprime clairement cette aspiration dans le poème Le goût du Néant de la section Spleen et Idéal : 
« Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L’Espoir, dont l’éperon attisait ton ardeur, 
Ne veut plus t’enfourcher ! Couche-toi sans pudeur, 
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute. 
Résigne- toi, mon coeur ; dors ton sommeil de brute. 
Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L’amour n’a plus de goût, non plus que la dispute […] ». Mais l’obsession de la mort et l’omniprésence du péché qui amène à la damnation, colorent tout le recueil. Comme lorsqu’il compare le corps de la femme aimée à une charogne, dans le poème du même nom :
« Et le ciel regardait la carcasse superbe 
Comme une fleur s’épanouir ;
− La puanteur était si forte, que sur l’herbe 
Vous crûtes vous évanouir ; […]
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, 
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient, comme un épais liquide 
Le long de ces vivants haillons.
[…] Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection, […] ». Baudelaire décrit la mort comme un soulagement, ce qui s’oppose à la vision commune de la mort, perçue traditionnellement comme une source de terreur et de tristesse, comme ici dans La mort des pauvres où elle est même assimilée à un espoir : « C’est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; 
C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre, 
Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; […] ». L’attitude de Baudelaire face à la mort est donc ambivalente et oscille entre crainte et fascination.

Nous allons enfin aborder le parcours associé nommé "alchimie poétique, la boue et l'or". Dans le nom même du parcours associé, on assiste à une assimilation entre la figure de l’alchimiste et celle du poète. L’alchimie désigne une pratique de recherche, principalement en vogue au Moyen-Âge, cherchant à élaborer des élixirs de longue vie et à maîtriser la transmutation des métaux dits « vils », c’est-à-dire de peu de valeur, en métaux précieux.

Après le développement de la science et plus particulièrement de la chimie modernes au XVIIIe siècle, l’alchimie est reléguée au rang de croyance occulte, voire magique. Cette reconsidération va participer à la fascination exercée par cette pratique au XIXe siècle. En parlant « d’alchimie poétique », le poète est donc explicitement assimilé à l’alchimiste, dans la mesure où il se saisit des matériaux les plus banals voire sordides et les transforme en poésie, comme nous avons eu l’occasion de le voir par exemple dans le poème, La Charogne. Le langage poétique apparaît comme assez puissant pour métamorphoser la misère et le dégoût. La beauté réside donc dès lors dans l’acte de création plutôt que dans les sujets choisis. Dans la laideur même réside justement la beauté. Baudelaire thématise lui-même cette relation dans son Ébauche d’épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du mal : « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, 
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. » À un niveau plus métaphorique, la transformation est également celle du poète. En effet, en suivant sa vocation, il cherche à dépasser l’indépassable tension du Spleen et de l’Idéal. Il redonne un sens à son existence. Néanmoins, la figure du poète demeure complexe et Baudelaire ne cesse de mettre en scène dans son recueil, ses doubles. De fait, le poète est reconnaissable dans diverses figures comme celles des vieillards et des vielles, du cygne et des exilés, des artistes ou encore des femmes damnées. Cette diversité illustre toutes les facettes de la condition du poète et sa complexité. Pour élargir le propos, nous pouvons encore citer différents artistes qui ont convoqué la figure de l’alchimiste dans leurs oeuvres. D’abord Rimbaud, qui nomme « Alchimie du verbe », une des sections de son recueil de 1873 « Une saison en enfer ». Le Faust de Goethe, La Recherche de l’absolu de Balzac, ou encore l’Alchimiste de Dumas et Nerval avaient précédemment mis en scène l’alchimie et participé à l’intérêt croissant porté à cette pratique. Le célèbre Nicolas Flamel, bourgeois de la fin du XIVe siècle considéré selon la légende comme un alchimiste ayant notamment mis au point la pierre philosophale, devient un véritable mythe. Les romantiques sont fascinés par le personnage, et Hugo et Nerval vont même le citer dans leurs oeuvres. Vous avez sans doute déjà entendu parler de ce personnage dans le premier tome de la saga Harry Potter, de JK. Rowling. Enfin Aloysius Bertrand, dans Gaspard de la Nuit (1842) assimile explicitement l’artiste à l’alchimiste. En conclusion, il est important de retenir que Baudelaire, à la croisée du romantisme, du Parnasse et du symbolisme, a créé avec Les Fleurs du mal, un des recueils de poèmes les plus célébrés de l’histoire littéraire française. Au sein des différentes sections qui composent le recueil, il nous décrit le long enfoncement du poète dans le spleen, ennui et angoisse profonds, malgré ses tentatives d’atteindre l’idéal grâce à l’ivresse, le voyage, la sensualité ou encore le refuge dans la ville. Ces tentatives sont toutes vouées à l’échec, et après une révolte face à Dieu, le poète trouve sa paix dans la mort, ultime voyage.

Introduction
Brève biographie de Baudelaire
Contexte historique
Mouvement littéraire
Bref résumé de l'œuvre
Thèmes et axes d'analyse pour cartonner à tes épreuves de Français