Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !

Les Contemplations de Victor Hugo en 45min - pour cartonner à l'ORAL ! 🎓

January 16, 2022 Breaking Smart - Nina Season 1 Episode 7
Breaking Smart - Demain, j'ai ORAL de Français !
Les Contemplations de Victor Hugo en 45min - pour cartonner à l'ORAL ! 🎓
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🧠 Maîtrise les Contemplations de #VictorHugo en 45min pour cartonner à tes épreuves de Français, à l'oral, comme à l'écrit. Ce recueil de 158 poèmes est un monument de la littérature. Avec Les Contemplations, Hugo signe un recueil pour sa fille, qu’il lui offre comme un leg. Hugo dit d'ailleurs dans la préface du recueil : « Nous venons de le dire, c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîme les sépare, le tombeau ».Ce livre, qui, comme il le dit, « doit être lu comme on lirait le livre d’un mort » sont les mémoires de son âme, mais également celles de toute l’humanité. Victor Hugo est toujours considéré aujourd’hui comme l'un des plus grands auteurs de la littérature française.

Dans cet épisode, Nina revient de manière claire et concise sur tous les aspects de ce fameux recueil de poèmes :
✅ Sa structure
✅ Le lyrisme
✅ Le romantisme
✅ L'engagement du poète
✅ La nature et la spiritualité
✅ L'amour
✅ La mort et le deuil
✅ Le parcours associé : les mémoires d'une âme

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Ce podcast est divisé en 6 parties :

👉🏼 Introduction
👉🏼 Brève biographie de Victor Hugo
👉🏼 Contexte historique
👉🏼 Mouvement littéraire
👉🏼 Bref résumé de l'œuvre
👉🏼 Thèmes et axes d'analyse pour cartonner à tes épreuves de Français

À la fin de cette vidéo, tu seras capable, quel que soit le passage sur lequel tu tombes, de très bien t'en sortir lors de tes épreuves de Français 🤩!

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#VictorHugo #LesContemplations #bac

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🤗 Merci de nous avoir écoutés !

Bonjour à tous ! Aujourd'hui, nous allons parler des Contemplations, un recueil de 158 poèmes écrit par Victor Hugo et publié en 1856. Il appartient à l’objet d’étude "La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle" et au parcours « Les mémoires d’une âme ». Je vous retrouve dans ce nouvel épisode pour vous aider à maîtriser cette œuvre en vue de vos épreuves de français. Parce qu’il est nécessaire, pour chaque œuvre, de connaître certains éléments indispensables : une brève biographie de l’auteur, le contexte historique et littéraire de l’œuvre ainsi que ses principaux thèmes et axes d’analyse. L’idée est qu’après ce temps passé avec moi vous soyez suffisamment à l’aise avec l’œuvre pour très bien vous en sortir lors de vos examens, à l’oral comme à l’écrit.

Nous allons commencer par une brève biographie de Victor Hugo. Victor Hugo naît le 26 février 1802. Sa mère est royaliste et son père bonapartiste. Enfant, il séjourne dans différents pays, suivant les affectations militaires de son père. À la suite de la séparation de ses parents, le jeune Hugo vit avec sa mère, puis entre avec son frère à la pension Cordier en 1815. Lors de ses années d’études, il montre une certaine prédisposition pour les maths, mais également un penchant marqué pour la littérature. En effet, à cette période, il commence déjà à écrire et reçoit encouragements et prix littéraires. À 14 ans, il écrit dans son journal intime la phrase devenue célèbre : « Je veux être Châteaubriand ou rien ». Et à tout juste 15 ans, il participe même à un concours de poésie de l’Académie française ayant pour thème « Le bonheur que procure l’étude dans toutes les situations de la vie ». Les académiciens sont touchés par la grâce de ses vers et surtout par son jeune âge. En 1821, sa mère meurt. L’année suivante, Hugo publie son premier ouvrage, un recueil de poèmes intitulé « Odes et poésies diverses ». La même année, il se marie avec Adèle Foucher avec laquelle il aura cinq enfants. À la suite de son début de succès littéraire, il obtient d’abord une pension du roi Louis XVIII, puis quelques années plus tard, en 1825, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par Charles X. En 1826, il publie son premier roman, Bug-Jargal. En 1827, il présente sa pièce de théâtre Cromwell dont la préface théorise un nouveau genre théâtral, « le drame romantique ». Les pièces Ruy Blas (1838) et Hernani en sont des exemples représentatifs. Cette dernière, jouée en 1830, connaît un grand succès mais fait scandale. En effet, la première représentation à la Comédie française provoque ce qu’on a appelé « La bataille d’Hernani ». Les règles du théâtre classique n’y sont plus respectées et Hugo s’impose véritablement, avec cette pièce, comme le chef de file du mouvement romantique français. Entre la fin des années 1820 et le début des années 1830, il publie différents romans dont Le Dernier jour d’un condamné (1829), protestation contre la peine de mort, et Notre-Dame de Paris (1831), qui connaît un succès immédiat. Il écrit néanmoins toujours de la poésie, et publie son recueil Les Orientales en 1829.
Pendant ces années-là, Hugo se rapproche de divers auteurs et artistes comme Vigny, Dumas, Mérimée, Balzac, Nerval, Musset, Sainte-Beuve et bien d’autres. Ensemble, ils forment Le Cénacle, une véritable école romantique. En 1833, il rencontre Juliette Drouet, qui devient sa maîtresse et demeure le grand amour de sa vie. À ce moment-là, Hugo écrit également du théâtre. Ses pièces Marion de Lorme (1829) et Le roi s’amuse (1832) sont interdites car elles sont accusées de critiquer la monarchie. En 1841, l’écrivain est nommé à l’Académie française. Son activité littéraire, très prolifique pendant ces années-là, s’interrompt brutalement à la mort de sa fille Léopoldine en 1843. Cette dernière, âgée de 19 ans, se noie dans la Seine avec son mari Charles Vacquerie à Villequier. Hugo apprend la nouvelle par hasard dans le journal alors qu’il rentre de voyage. Terriblement affecté, il ne publiera plus rien après le drame, jusqu’à son exil en 1851. En parallèle, sa carrière politique se développe. Il est d’abord confident de Louis-Philippe puis de Louis-Napoléon Bonaparte, avant de s’opposer à lui lors de son coup d’état. En 1845, Hugo est nommé pair de France par Louis-Philippe. Son évolution politique vers la gauche se confirme. En 1848, il est nommé député, puis, en 1849, il est élu à l’Assemblée législative et prononce son célèbre discours contre la misère. Suite au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, auquel il s’oppose farouchement, il finit par s’exiler à Bruxelles en 1851, en se faisant passer pour un ouvrier typographe appelé Lanvin. Un décret d’expulsion du territoire français contre l’Hugo est décrété l’année suivante. Il est par la suite contraint de quitter la Belgique après la publication de Napoléon le Petit, un texte critique contre Napoléon III. La même année, en 1852, il écrit également Histoire d’un crime, essai sur le coup d’état. Après son départ de Belgique, il se rend dans les îles anglo-normandes, d’abord à Jersey, puis, trois ans plus tard, à Guernesey. Lors de son exil, il sera particulièrement productif. Il publie entre autres Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856), qui connaît un succès considérable à sa sortie, puis La Légende des siècles (1859), Les Misérables (1862), Les Travailleurs de la mer (1866) et L’Homme qui rit (1869). Son exil, d’abord contraint, devient volontaire, quand, en 1859, il refuse de bénéficier de l’amnistie de Napoléon III. Durant les années 50, accompagné de quelques proches, il commence par ailleurs à s’intéresser au spiritisme par l’intermédiaire des tables mouvantes. Ils se réunissent en petits groupes pour invoquer des esprits et tenter de communiquer avec ces derniers. Une connexion est apparemment établie avec Léopoldine. Hugo est convaincu de la méthode et il va consigner ses dialogues avec diverses entités dans des procès-verbaux qui seront par la suite publiés. 
Il finit par rentrer à Paris après la bataille de Sedan en 1870, le lendemain de la proclamation de la République. Il est accueilli en héros. Paris est assiégée, l’occupation prussienne continue. À la suite de la Commune, il apporte son soutien aux Communards et publie en 1872 le recueil L’année terrible. Il continue à s’intéresser à la politique et est élu sénateur en 1876. Il continue néanmoins à publier différentes œuvres. Il meurt le 22 mai 1885 des suites d’une congestion pulmonaire. Sa dépouille est exposée sous l’Arc de triomphe, et une foule énorme est venue défiler. Des obsèques nationales sont organisées et il est inhumé au Panthéon. 
Victor Hugo a laissé derrière lui une œuvre très variée touchant à tous les genres et à tous les supports. Il était en effet également dessinateur. Sa vie et son œuvre ont profondément marqué le XIXème siècle, et fascinent encore aujourd’hui.
Nous allons maintenant aborder les contextes historiques et littéraires de l'oeuvre, en commençant par la situation politique.

Le XIXème siècle français connaît différents systèmes politiques qui se succèdent très rapidement : empires, monarchies, républiques et révolutions. Après la Révolution française de 1789, la France devient un empire en 1804, à la suite du coup d’état de Napoléon Bonaparte en 1799. Ce dernier, rêvant de conquêtes, commence à mener une campagne d’expansion en Europe. En 1811, l’empire connaît son apogée mais, à la suite de plusieurs revers, dont une défaite-clef en Russie, une coalition européenne se crée et la France est envahie. Napoléon se voit contraint d’abdiquer en 1814 et est déporté sur l’Île d’Elbe. Il parvient à s’échapper en mars 1815 et reprend le pouvoir qui avait été entre temps confié à Louis XVIII, le frère de Louis XVI. Cela ne dure cependant pas et Napoléon connaît une défaite finale à Waterloo au mois de juin, avant d’être envoyé en exil à Sainte-Hélène où il meurt en 1821.

Après ce premier Empire, la France connaît la Restauration de la monarchie jusqu’en 1848. Un roi dirige à nouveau le pays, même si son pouvoir demeure limité, car certains acquis de la Révolution de 1789 ont été maintenus. Louis XVIII règne de 1815 à 1824, suivi par Charles X. Ce dernier instaure une série de mesures visant à accroître son pouvoir : dissolution de l’Assemblée et de la Chambre, suppression de la liberté de la presse ou encore diminution du nombre d’électeurs. Ces décisions vont provoquer la colère du peuple et le roi est envoyé en exil, à la suite du soulèvement des Trois Glorieuses en juillet 1830.

Louis-Philippe accède alors au trône de France. En 1847, une grave crise économique due entre autres à de mauvaises récoltes précipite la seconde révolte du peuple parisien en février 1848. Des barricades sont installées dans la ville et la République est proclamée après l’abdication du roi. Lamartine devient le chef du premier gouvernement de la Seconde république. Certains progrès sociaux sont acquis à ce moment-là comme le suffrage universel (cependant pas encore accordé aux femmes) ou la liberté de la presse, inscrite dans la nouvelle Constitution. Cependant, la bourgeoisie conservatrice s’associe aux monarchistes pour nommer président Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu du premier empereur. Diverses lois allant clairement à l’encontre de l’esprit révolutionnaire de 1848 sont votées, et les libertés acquises diminuent progressivement. Le Second Empire est proclamé en 1852 après un nouveau coup d’État. Toute opposition est sévèrement réprimée et le contrôle sur la population se fait très étroit. Par ailleurs, la France cherche à nouveau à agrandir ses possessions coloniales, mais en 1870, une guerre se déclare contre la Prusse. L’empereur est alors fait prisonnier à Sedan pendant qu’à Paris, la révolte gronde à nouveau. Un gouvernement insurrectionnel, la Commune, est proclamée. La répression sera extrêmement violente et plusieurs dizaines de milliers de communards sont tués, condamnés ou déportés. La troisième République est nommée et elle perdurera jusqu’à la Seconde guerre mondiale.
Malgré l’instabilité politique ambiante, le XIXème siècle est également marqué par un fort développement technique et économique, la Révolution industrielle. De nombreux domaines connaissent par ailleurs des progrès significatifs : le développement de la médecine mené entre autres par Pasteur, la théorie de l’évolution de Darwin ou encore la démocratisation des moyens de transport. Le changement est également social. En effet, l’explosion démographique, conjuguée à l’importance croissante de l’industrie fait émerger deux classes distinctes : la classe ouvrière et la bourgeoisie. La seconde s’enrichit notamment grâce à l’effort de la première, qui vit et travaille dans des conditions insoutenables. Les enfants se voient contraints de travailler et la misère est omniprésente. Hugo prend conscience de ces inégalités et s’engagera en politique et dans ses œuvres pour lutter contre l’injustice sociale.
Nous allons à présent parler du romantisme. Victor Hugo est considéré comme le chef de file du mouvement littéraire romantique français. Le Romantisme naît en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, avec les figures de Goethe, qui publie Les Souffrances du jeune Werther en 1774 et d’Edward Young avec son ouvrage Les Nuits publié entre 1742 et 1745. Il se développe ensuite dans toute l’Europe au cours du XIXème siècle. En France, le romantisme est notamment marqué en littérature par la publication en 1820 des Méditations poétiques de Lamartine, ainsi que par la représentation d’Hernani en 1830. Certains auteurs antérieurs sont néanmoins considérés comme des précurseurs du mouvement, comme Rousseau et son ouvrage La Nouvelle Héloïse (1761), extrêmement célèbre à l’époque, ou encore Châteaubriand et Madame de Staël. Le romantisme se construit en opposition au classicisme et à la rationalité philosophique des XVII et XVIIIème siècles. En effet, il refuse toute forme de contraintes et d’académisme, et cultive un goût pour la polémique. Les auteurs romantiques sont d’ailleurs souvent engagés politiquement à la manière d’Hugo et de Lamartine. Le romantisme révèle également de nouveaux thèmes dans l’art. Tout d’abord l’importance du fantastique, de l’expression du moi, ainsi qu’un rapport privilégié à la nature. Le sentiment est privilégié à la raison. Ensuite, une recherche d’ailleurs et d’évasion par le voyage ou par le retour dans un passé mythique, ce qui se traduit par une fascination pour l’Italie et l’Espagne, l’Orient, mais aussi pour le Moyen-Âge. Par ailleurs, le « héros romantique » est un individu insatisfait, conscient que le temps s’écoule et se dégrade, et qui ressent un ennui profond et de la mélancolie. Le Moi ressent un « mal du siècle », expression employée en 1836 par Musset dans Les Confessions d’un enfant du siècle, et aspire à l’idéal et à l’infini. Le romantisme littéraire est surtout marqué par les figures de Byron en Angleterre, et Lamartine, Vigny, Hugo et Musset en France. En musique, Chopin révolutionne les codes du piano, tandis qu’en peinture Delacroix et Caspar David Friedrich marquent un tournant. Ce dernier, peintre prussien de la première moitié du siècle, saisit dans ses œuvres la beauté de la nature sauvage et l’esprit du jeune héros romantique. L’apport d’Hugo au romantisme est principalement d’avoir fait connaître au théâtre de grands bouleversements. En effet, la règle des trois unités est abandonnée, de même que les règles de vraisemblance et de bienséance (on peut par exemple assister à un suicide sur scène dans Ruy Blas). L’histoire récente est préférée aux sujets mythologiques ou issus de l’histoire antique. La préface de Cromwell est véritablement ce qui installe Hugo au rang de chef de file du romantisme français. Il est conscient que sa pièce ne va pas plaire, voire choquer, et il s’en défend donc. Il prône dans sa préface un nouveau genre, « le drame romantique » caractérisé dans un premier temps par un mélange des genres. En effet, ce mélange est selon lui nécessaire pour mieux représenter le réel, comme il le souligne ici : « la poésie de notre temps est donc le drame ; le caractère du drame est le réel ; le réel résulte de la combinaison toute naturelle de deux types, le sublime et le grotesque, qui se croisent dans la vie et dans la création. Car la poésie vraie, la poésie complète, est dans l’harmonie des contraires »/ « Elle se mettra à faire comme la nature, à mêler dans ses créations, sans pourtant les confondre, l’ombre à la lumière, le grotesque au sublime, en d’autres termes, le corps à l’âme, la bête à l’esprit » 
Hugo y critique également les règles d’unités. Selon lui, ces règles, censées servir le réel, ne font en réalité que le desservir. En effet, il est artificiel que toutes les actions d’une pièce se déroulent en un seul et unique lieu et en 24 heures seulement. Il défend donc un théâtre original et affranchi des modèles du passé.
En plus du drame, Hugo est également une des figures centrales de la poésie romantique, parmi d’autres auteurs comme Lamartine ou Vigny. Il publie différents recueils dans lesquels on retrouve des thèmes liés au romantisme, comme l’attrait à l’Orient donc à l’Ailleurs, au Moyen-Âge, à la nature et au rêve. La poésie romantique s’oppose aux règles classiques et est plus « envolée », c’est-à-dire composée de grandes figures, de grands mouvements, d’apostrophes, d’antithèses, d’interjections etc… Le lyrisme est la tonalité privilégiée du romantisme. Il exprime la passion, la subjectivité, souvent dans un style élaboré, élevé et fourni. Fernand Brunetière, dans son ouvrage « L’évolution de la poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle » le décrit comme une « émanation de la sensibilité, une suspension de l’ironie, et un déploiement de l’éloquence » Le lyrisme est lié à l’intimité, à l’intériorité et à la subjectivité du poète. Le poète lyrique dit clairement « je ». Mais il est également nourri par l’extérieur. En effet, l’individualité sert à atteindre l’universel. La poésie lyrique est donc très expressive, mais elle reste harmonieuse, car elle s’inscrit dans des vers. En cela, elle est fortement liée à la musicalité, au rythme et au mouvement. Les grands thèmes du lyrisme sont l’amour, la mort et la nature. Le lyrisme est donc intimement lié au romantisme et demeure une des formes d’expression privilégiée par Victor Hugo.
Nous allons maintenant aborder la structure du recueil. Comme Les Fleurs du mal, Les Contemplations n’étant pas un roman ou une pièce de théâtre, elles ne sont donc pas construites autour d’une intrigue à proprement parler. Les 158 poèmes, représentant plus de 10'000 vers, sont néanmoins structurés en deux grandes parties distinctes : Autrefois (couvrant les années 1830 à 1843 et composé des livres I à III) et Aujourd’hui (couvrant les années 1843 à 1855 et composé des Livres IV à VI). La mort de sa fille Léopoldine constitue la séparation entre les deux parties. Elle est figurée dans le recueil par une feuille blanche avec des pointillés où figure simplement la date du drame, le 4 septembre 1843. Hugo revient lui-même sur la structure du texte, dans la préface du recueil : « Nous venons de le dire, c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîme les sépare, le tombeau ». C’est une structure symétrique, décrivant les 12 ans avant la mort de Léopoldine, puis les 12 ans suivant le drame.
Chacune des deux parties est divisée à son tour en trois livres :
Pour la première : 
1. « Aurore » qui décrit les divers souvenirs d’adolescence. C’est le livre de la nature et de la jeunesse, mais sous lesquelles transparaissent néanmoins déjà des traces de souffrance. 
2. « L'Âme en fleur » consacré principalement à l’amour dans ses diverses formes. 
3. « Les Luttes et les rêves » où la tonalité s’assombrit. C’est le livre dans lequel Hugo décrit la souffrance de l’humanité, pour laquelle il ressent une immense compassion. Il fait la transition avec la seconde partie, bien plus sombre. 
Pour la seconde :
4. « Pauca Meae », le livre du deuil, de l’absence et de la douleur. Il est centré sur la figure unique de Léopoldine qui hante la plupart des poèmes. Il évoque la jeune fille à différents moments de sa vie et fait donc éclater l’ordre chronologique. La confrontation de l’enfance de Léopoldine avec les moments de souffrance extrême du deuil renforce l’injustice profonde que ressent Hugo face à la mort de sa fille. 
5. « En marche » le livre de l’exil et de l’absence. Le décor insulaire devient donc prédominant. Mais c’est surtout le livre de la descente aux Enfers, nécessaire avant une remontée vers la lumière.
6. « Au bord de l'infini », le livre de la réflexion métaphysique. Malgré une atmosphère sombre, il se termine sur un retour de la lumière et de l’espoir. La mort y est perçue finalement comme une renaissance, un recommencement. 
Un poème dédicace « À celle qui est restée en France » clôt ensuite le recueil. La première partie évoque davantage les moments de bonheur, de confiance, dépeint parfois la souffrance mais pour laisser l'espoir d'un apaisement compensateur. Dans la seconde, au contraire, la poésie soutient une méditation philosophique sur le deuil et l'injustice du monde. 
Le recueil a beaucoup évolué dans l’esprit de l’auteur. Il l’a beaucoup remanié. Au départ, Hugo comptait faire trois volumes : Autrefois, Aujourd’hui, Vengeresses. Il le réduit en deux volumes et le dernier paraît sous le nom « Les Châtiments » en 1853, trois ans avant Les Contemplations. Il devait également s’appeler d’abord « Les Contemplations d’Olympio », « Olympio » désignant dans l’œuvre d’Hugo une forme de double du poète. Par ailleurs, il est nécessaire de souligner que les dates indiquées à la suite des poèmes ne sont pas toujours les dates réelles de composition des textes. En effet, pour des raisons parfois symboliques ou biographiques, Hugo a choisi de modifier certaines dates pour servir la signification des poèmes.

Maintenant, je vais vous parler des thèmes principaux de l’œuvre pour que vous puissiez, quel que soit le passage sur lequel vous tombez lors de vos épreuves, les ressortir et les utiliser dans votre analyse, à l’oral comme à l’écrit.

Nous allons commencer par l'engagement poétique et politique. Le premier motif récurrent dans l’œuvre est celui du poète engagé. En effet, Hugo retranscrit dans ses textes son engagement politique. Il y prend souvent le rôle du paria et du révolutionnaire. Nous pouvons en voir un premier exemple dans « Réponse à un acte d’accusation », issu du premier livre « Aurore » :
« Donc, c'est moi qui suis l'ogre et le bouc émissaire.
Dans ce chaos du siècle où votre cœur se serre, 
J’ai foulé le bon goût et l’ancien vers français
Sous mes pieds, et, hideux, j’ai dit à l’ombre : Sois !
Et l’ombre fut. - Voilà votre réquisitoire ». 
Dans ce poème, il explicite donc son projet poétique et fait semblant d’avoir offensé la langue française et les institutions : « J’en conviens, oui, je suis cet abominable homme […] Je me borne à ceci : je suis ce monstre énorme
Je suis le démagogue horrible et débordé 
Et le dévastateur du vieil ABCD ». Son ton dans ce passage est bien-sûr éminemment ironique. Il se présente en proscrit et moque en cela les personnes qui condamnent ses innovations. Il est cependant clair qu’Hugo a révolutionné les codes poétiques classiques en instaurant de nouvelles formes, comme il le revendique lui-même dans ce vers très connu, issu du poème « Quelques mots à un autre » : « J’ai disloqué ce grand niais d’alexandrin ». Il se positionne donc lui-même comme une sorte de révolutionnaire et se place en marge des institutions traditionnelles. En multipliant les formes poétiques (l’élégie ou la pastorale antiques, le sonnet), les thématiques, les tonalités (lyrique, pathétique, didactique…), ainsi que les entorses aux formes classiques (rejets, enjambements, déplacement de la césure,…), il se positionne déjà comme un poète au projet littéraire affirmé créant de nouvelles formes. 
Un certain engagement social et politique est clairement perceptible dans Les Contemplations, comme dans de nombreuses autres œuvres de l’auteur. Il ne faut en effet pas oublier qu’il rédige une grande partie des poèmes du recueil en exil, le contexte politique est donc omniprésent. Il dénonce entre autres dans l’œuvre les injustices sociales, la misère, le travail des enfants ou encore la peine de mort, qu’il condamne dans le poème « La nature ». Nous pouvons prendre comme exemple le poème « Melancholia », issu du troisième livre « Des luttes et des rêves », qui dépeint une série d’injustices : la misère d’une femme, la vie d’une prostituée, celle d’un génie incompris qui ne sera reconnu qu’après sa mort. Le titre du poème est une référence à la célèbre gravure d’Albrecht Dürer, représentant un ange mélancolique face à la destinée du monde. Hugo y dénonce également avec lyrisme le travail des enfants : « Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement 
Dans la même prison le même mouvement
Accroupis sous les dents d’une machine sombre 
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre 
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer
Ils travaillent […] Ô servitude infâme imposée à l’enfant ! » En plus de mettre en mots la misère des plus pauvres, il en profite pour condamner les coupables responsables d’une situation aussi injuste. Comme dans cet extrait où il dénonce le dysfonctionnement de la justice : « Un pauvre a pris un pain pour nourrir sa famille 
Regardez cette salle où le peuple fourmille
Ce riche vient y juger ce pauvre. Écoutez bien. 
Ce juge, - marchand.- fâché de perdre une heure
Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure 
L’envoie au bagne et part pour sa maison des champs ». 
Pour Hugo, la révolution sociale et la révolution de la langue sont liées. Il fait en effet parler les « misérables », il reprend leur langage. La liberté poétique est intimement liée à la liberté politique.
Nous allons maintenant parler de nature et de spiritualité. Le thème de la nature est omniprésent dans l’œuvre. Elle est souvent caractérisée par sa beauté et sa profusion. Elle est également profondément vivante et dotée d’une intériorité certaine. En effet, en accord avec une vision animiste de la nature, les éléments naturels sont souvent personnifiés et paraissent posséder une vie propre. Mais la nature est surtout le lieu propice aux contemplations du poète, comme le décrit par exemple Hugo dans le poème « Aux Arbres » issu du livre 3 « Les luttes et les rêves » : « Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme 
Vous me connaissez, vous ! Vous m’avez vu souvent
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant 
Vous le savez, la pierre où court un scarabée
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée 
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour
La contemplation m’emplit le cœur d’amour ». La nature est un lieu décrit comme empreint de sacré et lié à une force mystique. Le poète est d’abord un personnage privilégié au sein de la nature. Il est reconnu par cette dernière et paraît défini dans son rapport à la nature. Il est en effet celui qui a le pouvoir de décrypter les symboles présents dans son environnement. Il ne les crée cependant pas, mais il se contente de décrypter et de partager ce qu’il a vu et compris, comme on le voit dans un poème du premier livre : « Oui, je suis le rêveur ; je suis le camarade
Des petites fleurs d’or du mur qui se dégrade 
Et l’interlocuteur des arbres et du vent
Tout cela me connaît, voyez-vous. J’ai souvent, 
En mai quand de parfums les branches sont gonflées, 
Des conversations avec les giroflées ». La nature paraît véritablement avoir son propre langage et s’adresse directement au poète, le seul être en mesure de la comprendre. Le thème du poète comme marcheur est par ailleurs omniprésent dans le recueil. Il est celui qui traverse le monde et qui est en mouvement perpétuel en quête de révélations. Nous retrouvons ce motif entre autres dans « Le poète s’en va dans les champs » issu du premier livre, « Aurore ».
La nature devient en cela une nouvelle forme de religion. La sacralité de la nature répond à celle de Dieu : « Ici l’automne, ici l’été, là le printemps
Ô coteaux ! ô sillons ! souffles, soupires, haleines !
L’hosanna des forêts, des fleuves et des plaines 
S’élève gravement vers Dieu, père du jour
Et toutes les blancheurs sont des strophes d’amour ». Le poète est donc tourné vers le spirituel et le sacré, mais il n’en demeure pas moins antidogmatique, comme l’illustre le poème « La Nichée sous le portail » : « Les cathédrales sont belles
Et hautes sous le ciel bleu 
Mais le nid des hirondelles
Est l’édifice de Dieu ». Dieu se manifeste dans la nature, et non dans les institutions. Ce n’est donc pas le Dieu d’une religion en particulier, mais la manifestation d’une forme de spiritualité. Il accompagne le poète dès le premier poème du livre I, et malgré une révolte née de l’injustice du drame de Léopoldine, l’acceptation et la paix marquent la fin du recueil. Le poète est capable de faire le pont entre le spirituel et les hommes, il est un messager, comme nous le voyons dans cet extrait du poème « La vie aux champs » : « Je leur parle de tout. Mes discours en eux sèment
Ou l’idée ou le fait. Comme ils m’aiment, ils aiment
Tout ce que je leur dis. Je leur montre du doigt 
Le ciel, Dieu qui s’y cache, et l’astre qu’on y voit. » C’est dans la nature que vit le surnaturel, et le poète (ou rêveur) entend simultanément les appels de la nature et d’une forme de divinité : « Je reçois des conseils du lierre et du bleuet 
L’être mystérieux, que vous croyez muet
Sur moi se penche, et vient avec ma plume écrire. 
[…] Ne vous étonnez pas de tout ce que me dit
La nature aux soupirs ineffables. Je cause 
Avec toutes les voix de la métempsycose ». La métempsychose désigne une théorie selon laquelle une âme peut animer, selon un principe de réincarnations successives, un même être (végétal, animal ou humain). Hugo reprend cette notion en clôture dans « Ce que dit la bouche d’ombre » matérialisée par l’image de l’échelle de l’être : au cours des vies successives, chaque être, en fonction de ses qualités morales et de ses actions, monte ou descend sur une échelle des êtres, dont le bas correspond au mal et le haut au bien. 
Nous allons maintenant aborder le thème de l'amour. L’amour constitue également un thème récurrent des Contemplations. Il revêt différentes formes : l’amour charnel, l’amour filial ou encore l’amour divin. Dans la première partie du recueil, Hugo relate des épisodes inspirés de sa jeunesse. C’est donc l’amour insouciant de la jeunesse qui y prime, comme dans « Lise » : « Elle m’aimait. Je l’aimais. Nous étions
Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons. » Mais l’amour peut également devenir plus sensuel, comme dans le poème 21 du premier livre, qui décrit un rapprochement progressif avec une jeune femme dans un cadre champêtre rappelant le modèle de la pastorale (description des amours de bergers et de bergères dans une nature champêtre et idyllique) : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée 
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants
Moi qui passais par lé, je crus voir une fée 
Et je lui dis : veux-tu t’en venir dans les champs ? ». Malgré ces célébrations d’un amour insouciant de jeunesse, Hugo dépeint également les aspects négatifs de l’amour, comme par exemple la jalousie dans « Paroles dans l’ombre » : « Sans relever la tête et sans me dire un mot 
Une ombre reste au fond de mon cœur qui vous aime
Et, pour que je vous voie entièrement, il faut 
Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même ». Au-delà du sentiment amoureux, c’est également l’amour filial qui est représenté. En effet, Hugo décrit le temps de l’insouciance avec sa fille Léopoldine, ici dans le poème V des « Pauca meae » : « Elle avait pris ce plis dans son âge enfantin 
De venir dans ma chambre un peu chaque matin
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère 
Elle entrait, et disait : « Bonjour, mon petit-père ». En définitive, le poète encourage toujours à aimer, et considère l’amour comme une puissance extraordinaire : « Aimons toujours ! aimons encore !
Quand l’amour s’en va, l’espoir fuit 
L’amour c’est le cri de l’aurore, l’amour, c’est l’hymne de la nuit […] L’amour fait songer, vivre et croire
Il a, pour réchauffer le cœur 
Un rayon de plus que la gloire
Et ce rayon, c’est le bonheur ». 
L’amour n’est cependant pas simplement un thème frivole, issu de l’imaginaire romantique. En effet, il possède une dimension philosophique certaine, car il permet de percer les mystères du monde et il fait partie intégrante de la contemplation. Il est par ailleurs empreint d’une forte spiritualité car il permet d’accéder à l’infini et à Dieu. Malgré sa puissance, l’amour reste néanmoins fragile et Hugo nous le rappelle dans son poème « Crépuscule », dont la tonalité obscurcit la fin du livre 2 « L’âme en fleurs » : « Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez ! faites envie 
Ô couples qui passez sous le vert coudrier.
Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie 
On emporta d’amour, on l’emploie à prier
Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles 
Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau
Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles 
Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau ». Même dans la célébration de l’amour, la mort semble omniprésente. En effet, le temps fuit inéluctablement en direction de la mort. Ce constat n’est cependant pas totalement pessimiste dans la mesure où il rappelle la nécessité de vivre et d’aimer pleinement, ainsi que le lien central entre amour et religion. 
Nous allons maintenant aborder les thèmes du deuil et de la mort. Cette dernière donne tout son sens au recueil et oriente sa lecture, dans la mesure où elle est le principe structurant qui sépare l’œuvre en deux parties distinctes, et qu’elle est le thème du très long poème « À celle qui est restée en France », qui clôt le recueil. Dans ce poème composé de huit sections, Hugo, en père éploré, s’adresse à sa fille Léopoldine (à laquelle il s’adressait par ailleurs déjà dans le premier poème livre I, « À ma fille »). Il lui exprime tout son désespoir et son impuissance. Il désirerait pouvoir lui rendre hommage et déposer des fleurs sur sa tombe, mais il ne le peut pas, car il est exilé loin de la France : « Des fleurs ! oh ! si j’avais des fleurs ! si je pouvais 
Aller semer des lys sur ces deux froids chevets ! Si je pouvais couvrir de fleurs mon ange pâle ! ». Le titre du poème rappelle l’éloignement indépassable, et bien plus que géographique, entre le poète et sa fille. À défaut de pouvoir lui offrir des fleurs, le poète décide de lui donner son âme, contenue tout entière dans le recueil : « Puisqu’il est impossible à présent que je jette 
Même un brin de bruyère à sa fosse muette
C’est bien le moins qu’elle ait mon âme, n’est-ce pas ?
Ô vent noir dont j’entends sur mon plafond le pas !
Tempête, hiver, qui bats ma vitre de ta grêle 
Mers, nuits ! et je l’ai mise en ce livre pour elle ! ». 
Même dans les moments de bonheur des premières parties, l’ombre de la mort plane déjà. En effet, dans le poème « Mes deux filles », Hugo évoque des moments insouciants avec ses filles tout en glissant, aux moyens de l’évocation des œillets et d’une urne blanche, des signes annonciateurs du drame : « Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe 
L’une pareille au cygne et l’autre à la colombe
Belles, et toutes deux joyeuses, ô douceur ! 
Voyez, la grande sœur et la petite sœur
Sont assises au seuil du jardin, et sur elles 
Un bouquet d’œillets blancs aux longues tiges frêles 
Dans une urne de marbre agité par le vent ».
En plus de cadrer le recueil en étant le sujet du second et du dernier poème, la mort de Léopoldine, et donc le deuil du poète, occupe tout le livre 4, intitulé « Pauca meae » qui signifie littéralement « peu de choses pour la mienne ». Dans cette sous-partie, il exprime sa tristesse au moyen d’images simples évoquant la mort, comme dans le très célèbre « Demain dès l’aube… » qui raconte le cheminement du père en deuil vers la tombe de sa fille : « Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne 
Je partirai. Vois-tu je sais que tu m’attends
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne 
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps […] Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe 
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs ». Il revêt la simple posture d’un père éploré par la perte. Certains poèmes, comme « Trois ans après », expriment d’abord une forme de colère dirigée contre Dieu, qui a laissé ce drame, profondément injuste, se produire. L’auteur ressent une incompréhension angoissée face au destin de sa fille. Une révolte se devine dans l’impossibilité d’accepter un tel drame, et dans l’arbitraire de la destinée humaine de façon générale. Au fur et à mesure, sa position évolue et il ressent moins de colère et d’injustice face au drame qu’il semble accepter, malgré une évidente émotion, comme ici dans le poème « À Villequiers » : « Maintenant que du deuil qui m’a fait l’âme obscure
Je sors, pâle et vainqueur 
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m’entre dans le cœur […] Je reprends ma raison devant l’immensité ». Il reconnaît la toute-puissance de Dieu et sa propre faiblesse humaine. Il ne lui reste qu’à s’abandonner à son destin et à s’y résoudre. Dans la fin du quatrième livre, il ira même jusqu’à trouver une consolation dans le sort de Léopoldine et de son époux, certain qu’ils sont destinés à la vie et au bonheur éternels auprès de Dieu, comme nous pouvons le voir par exemple dans les poèmes « 15 février 1843 » ou « Charles Vacquerie ». 
Par ailleurs, l’intérêt d’Hugo pour le spiritisme nourrit en partie le recueil et ajoute un aspect supplémentaire à sa conception de la mort. En témoigne par exemple le poème « Ce que dit la bouche d’ombre » : « L’homme en songeant descend au gouffre universel 
J’errais près du dolmen qui domine Rozel
À l’endroit où le cap se prolonge en presqu’île 
Le spectre m’attendait : l’être sombre et tranquille 
Me prit par les cheveux dans sa main qui grandit
M’emporta sur le haut rocher et me dit ». Nous retrouvons ici la figure de l’homme poète messager, transmettant les vérités et révélations enfouies de l’existence. Nous pouvons également souligner dans ce poème l’attrait de l’écrivain romantique pour le fantastique, l’obscure et le mystérieux. En effet, l’étrange et le surnaturel inspirent le poète, persuadé de l’existence d’une vie invisible, au-delà du visible. C’est le fameux infini qui donne son nom au dernier livre du recueil, qu’on reconnaît par exemple dans le poème « Le Pont », dont le nom figure la notion de transcendance. Cette dimension, couplée aux correspondances entre la nature extérieur, l’intériorité de l’homme et Dieu, perceptibles par ex. dans le poème « J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline », font déjà écho aux grands thèmes qui seront développés plus tard par Baudelaire. Ce dernier reconnaît d’ailleurs le génie littéraire d’Hugo, ici dans une critique de l’auteur figurant dans L’Art romantique en 1869 : « La musique de ses vers s’adaptent aux profondes harmonies de la nature ; sculpteur, il découpe dans ses strophes la forme inoubliable des choses ; peintre, il les illumine de leurs couleurs propres : Et ; comme si elles venaient directement de la nature, les trois impressions pénètrent simultanément dans le cerveau du lecteur. De cette triple impression, résulte la morale des choses. Aucun artiste n’est plus universel que lui, plus apte à se mettre en contact avec les forces de la vie universelle, plus disposé à prendre sans cesse un bain de nature. Non seulement, il exprime nettement, il traduit littéralement la lettre nette et claire ; mais il exprime, avec l’obscurité indispensable, ce qui est obscur et confusément révélé. »
Enfin, la mort se trouve également personnifiée, dans le poème « Mors » (signifiant la mort en latin) : « Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ […]
Elle changeait en désert Babylone 
Le trône en échafaud et l’échafaud en trône
Les roses en fumier ; les enfants en oiseaux 
L’or en cendres et les yeux des mers en ruisseaux. » Le pouvoir destructeur de la mort apparaît donc immense et inéluctable.
Nous allons maintenant aborder le parcours associé : mémoire d'une âme. Le titre du parcours associé est directement issu de la préface du recueil. En effet, Hugo lui-même définit son œuvre ainsi : « « Qu’est-ce que Les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, Les Mémoires d’une âme ». Cela signifie donc que l’auteur a cherché à dépeindre sa propre existence dans ses poèmes : « L’auteur a laissé, pour ainsi dire, cette œuvre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l’a déposé dans son cœur ». En effet, les éléments biographiques ne manquent pas : description de ses amours de jeunesse et de sa famille, mention explicite au drame de Léopoldine etc. Le terme de « Mémoires », ainsi que la description de son recueil comme « le livre d’un mort », fait par ailleurs directement écho aux « Mémoires d’Outretombe » de Châteaubriand, une des grandes inspirations du poète, publiées entre 1848 et 1850. Malgré la forte dimension autobiographique du recueil, il est clair pour Hugo que sa propre existence fait écho à toutes les autres. Ses plaisirs et ses souffrances sont ceux de toute l’humanité. « Les Mémoires » qualifient en effet à la fois une expérience individuelle et collective. Il part de sa vie pour toucher l’universel : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une » et un peu plus loin « Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualité du lecteur que celle de l’auteur. Homo sum ». Le « homo sum » est le début d’une citation du poète latin Terence qui, en entier, dit « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Dans le recueil, Hugo utilise la plupart du temps le « je » lyrique. Ce dernier est à distinguer du « je » purement autobiographique. En effet, il demeure une expression de soi, mais qui va au-delà de l’individu, qui est le support d’une parole poétique. C’est un « je » qui mène au « nous ». Il utilise par ailleurs également la 3ème personne et surtout le nous, comme dans les premiers vers du poème 8 des « Pauca meae » : « À qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ? ». La poésie n’est en général pas le support privilégié pour l’autobiographie, elle est même souvent exclue de la définition du genre. Cependant, Hugo est un des rares poètes à revendiquer une démarche autobiographique dans sa poésie. D’autres suivront au 20ème siècle comme Raymond Queneau avec « Chêne et Chien », publié en 1937, même si la poésie explicitement autobiographique demeure très rare.

Nous pouvons maintenant conclure avec quelques éléments centraux à retenir. Victor Hugo est un auteur central du XIXème siècle. Il est toujours considéré aujourd’hui comme un des plus grands auteurs de la littérature française, et ses œuvres sont sans cesse relues et adaptées. Très prolifique, il a touché à tous les genres : le roman, le théâtre, la poésie lyrique ou engagée, les discours politiques, et même le dessin. Engagé politiquement, il est d’abord conservateur dans sa jeunesse, puis devient un fervent républicain. Il montre en effet une opposition virulente à Napoléon III et est exilé pendant tout le Second Empire. Enfin, il intègre dans ses œuvres sa sensibilité pour la misère des plus pauvres et sa révolte face à l’injustice sociale (Le Dernier jour d’un condamné ou Les Misérables par exemple). Avec Les Contemplations, Hugo signe un recueil pour sa fille, qu’il lui offre comme un leg. Il y questionne sans cesse l’injuste et arbitraire destinée humaine. Ce livre, qui, comme il le dit, « doit être lu comme on lirait le livre d’un mort » sont les mémoires de son âme, mais également celles de toute l’humanité. J’espère que cela vous aura aidé et bon courage pour vos révisions !

Introduction
Brève biographie de Victor Hugo
Contexte historique
Mouvement littéraire
Bref résumé de l'œuvre
Thèmes et axes d'analyse pour cartonner à tes épreuves de Français